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Les maladies ont un genre

lundi 10 février 2014

En dehors des maladies liées à un organe sexuel (sein, prostate, ovaire, testicule, etc.), il est intéressant, pour la recherche fondamentale et clinique, de considérer l’épidémiologie en fonction du sexe.

Ainsi, une différence de répartition peut expliquer l’influence d’une hormone sur la physiopathologie d’une maladie, mais peut aussi révéler d’autres faits surprenants de nos approches médicales.

L’exemple des maladies cardio-vasculaires est instructif. Quelques études révèlent que le diagnostic de maladies coronaires est souvent retardé, voire négligé, chez beaucoup de femmes. L’a priori de la plus grande fréquence de ces maladies chez les hommes serait en grande partie injustifié. Cette discrimination ne s’arrête pas là, puisque le traitement lui-même n’est pas identique pour les deux sexes. Les angioplasties sont plus souvent pratiquées chez les hommes ! Est-ce que les cardiologues considèrent cette intervention comme plus virile, puisqu’il s’agit d’un acte de plomberie consistant à déboucher ou dilater une coronaire ? Heureusement, cette discrimination n’a pas de conséquence, car la mortalité est la même dans les deux sexes. Certains avaient déjà noté que les angioplasties n’avaient pas d’effet sur la mortalité, voilà qu’une inconsciente discrimination de genre peut en apporter la preuve !

Pour les maladies psychiatriques, la ségrégation a longtemps été farouche, les diagnostics avaient une simplicité binaire : folie pour les hommes et sorcellerie pour les femmes. Ensuite,  on a longtemps crue la schizophrénie plus fréquente chez les hommes. En réalité, cette maladie touche autant les femmes, elle diffère cependant par une plus grande fréquence de formes moins sévères et plus tardives.

Quant aux maladies auto-immunes, l’énorme différence ne peut pas venir d’un a priori sexiste. Les principales d’entre elles, comme la polyarthrite rhumatoïde, la thyroïdite ou le lupus concernent 90% de femmes pour 10% d’hommes. Connaissant le caractère parfois très invalidant de ces maladies, il faut se réjouir d’être un homme.

Le cancer du poumon, longtemps réservé aux hommes, est devenu bisexué, en raison du tabagisme féminin. C’est ici l’occasion de constater qu’une libération peut conduire à une addiction ! Cette « libération » contribue à diminuer l’écart d’espérance de vie qui reste toujours favorable aux femmes. Il faudra sans doute voir les femmes accéder à plus d’alcool, à plus de métiers du bâtiment, de la mine ou de la métallurgie, pour éliminer le genre dans la durée de vie. A moins qu’il y ait une cause véritablement intrinsèque, sachant que la testostérone est un immunosuppresseur susceptible de favoriser les infections et les cancers.

Bref, malgré de nombreux a priori médicaux, désormais combattus, la compréhension de certaines maladies ne pourra échapper au critère du genre. Il est important d’affirmer et d’affiner notre connaissance de ces différences, afin de mieux lutter contre les inégalités.

Références