Archive pour septembre 2020

Les malades sont coupables

mercredi 23 septembre 2020

Si vous avez un cancer du côlon arrivé au stade hémorragique, c’est parce que vous avez été négligent, il vous suffisait de faire régulièrement des dépistages et des coloscopies, comme ne cessent de vous le répéter la radio et votre boîte aux lettres.

Si vous avez un AVC, c’est parce que vous n’avez pas régulièrement fait contrôler votre tension. Quoi ? Vous l’avez fait contrôler. Alors c’est parce que vous n’avez pas bien suivi votre traitement. Quoi ? Alors c’est que votre cardiologue ne vous a pas donné de doses assez fortes.

Si votre enfant est autiste, c’est parce qu’il manque d’affection depuis sa naissance. Pardon, il paraît que l’on ne dit plus cela maintenant. Alors c’est parce que vous avez mangé n’importe quoi pendant votre grossesse. Pardon, on ne dit plus ça non plus. Eh bien c’est peut-être à cause des pesticides qui pénètrent dans votre maison. Quelle idée de faire construire sa maison en bordure de vigne ! C’est presqu’aussi stupide que d’aller s’installer dans un EHPAD, alors que l’on sait que le taux de mortalité y a toujours été de 100%.

Si votre fils est bipolaire, c’est parce que vous ne lui avez pas donné de neuroleptiques pendant sa crise d’adolescence. Comment ça ? C’est votre médecin qui n’a pas voulu. Alors, il fallait en changer.

Si vous continuez à avoir des douleurs, c’est parce que vous ne prenez pas d’opiacés. Comment ça ? C’est encore votre médecin.

Cet inventaire n’est pas de Prévert, il est trop explicite : les malades sont coupables de leur maladie. A moins que ce ne soit leur médecin ringard, barbare ou incompétent. Cela me rappelle  l’époque où la psychanalyse avait le monopole de l’intelligence ; lorsqu’un clinicien osait en critiquer l’absence d’efficacité thérapeutique, il était fortement suspecté d’avoir lui-même un problème d’ordre psychanalytique. Je pense aussi à une publicité pour les statines, on pouvait lire sur une étiquette accrochée à l’orteil d’un cadavre : « s’il avait fait doser son cholestérol, il n’en serait pas arrivé là »

Même pour les épidémies, les malades sont coupables. S’ils avaient respecté les gestes barrières, les vagues cesseraient d’elles-mêmes. Comment ça ? Il y a toujours eu des vagues de viroses respiratoires depuis plus de 300 millions d’années, depuis que des animaux respirent. Oui, mais vous parlez d’une époque où il n’y avait ni masques ni ministres. Aujourd’hui, les gouvernements sont coupables de laisser défiler les cancers, les maladies mentales et les épidémies. Comment ça, ils ne savent pas ?

Alors vous confirmez que la culpabilité revient aux malades, à moins que vous n’ayez un problème d’ordre… politique, écologique, anachronique, agnostique, anarchique, que sais-je encore… civique ? Civique, oui c’est certain, je suis convaincu que vous n’accepteriez pas de jouer le rôle de l’âne dans la fable de la peste…

C’est vrai, je dois l’avouer, ni celui du lion dans les épidémies suivantes.

Références

Les cordonniers du transhumanisme

mercredi 16 septembre 2020

Fort peu de sociologie suffit pour comprendre que les tenants et aboutissants du transhumanisme se résument au commerce et au profit. Les promesses de vie éternelle ont fait la fortune des religions, et lorsqu’elles sont enluminées par les merveilles de la technologie, elles font la fortune des GAFA. Réunir les nanotechnologies, les biotechnologies, l’informatique et les sciences cognitives fait un beau sigle (NBIC), mais la science qui en émerge est de bric et de broc.

Sans se perdre en polémiques qui ne feront qu’enluminer davantage ce nouvel obscurantisme, notons-en seulement l’erreur fondamentale, grossière.

Oui, les galéniques basées sur les nanotechnologies améliorent la diffusion des médicaments sur des organes cibles. Oui, les prothèses sophistiquées connectées au cerveau peuvent aider considérablement des paralytiques ou des amputés. Oui l’informatique peut analyser des résultats biologiques et adapter des traitements dangereux avec plus d’efficacité et de sécurité que les médecins. Oui, l’intelligence artificielle peut assister efficacement des personnes en perte d’autonomie. Oui, les NBIC sont de belles réalités technologiques qui pourront soulager ou compenser un grand nombre de plus en plus grand de handicaps.

« Compenser », là est le mot. Les sciences biomédicales, avec ou sans NBIC, ont beaucoup de succès dans la compensation et la réparation des dommages et déficits corporels. La médecine, la chirurgie et l’obstétrique ont accumulé des réussites sur les personnes traumatisées, handicapées, fragiles, déficientes ou infectées. La grande erreur des transhumanistes est d’extrapoler ces succès chez les personnes saines, en annonçant l’homme augmenté qui vivra 300 ans, mille ans pour le plus fou d’entre eux.

Non seulement, la médecine n’a jamais réussi à augmenter l’homme, mais toutes ses interventions sur les êtres sains diminue la quantité-qualité de vie, l’exact opposé des prophéties transhumanistes. Le dopage fabrique des records, mais les champions cyclistes ont une durée de vie de 17 ans inférieure à la moyenne. DHEA, THS ou autres hormones mâles ou femelles diminuent la quantité de vie, tout comme les antioxydants ou perlimpinpins de télomères. Toute la pharmacologie préventive a un rapport bénéfice/risque négatif après 70 ans.

Oui, la médecine, la pharmacologie curative, le sport et la chirurgie feront encore raisonnablement progresser l’espérance moyenne de vie à la naissance. Mais une observation sommaire montre que les records de longévité ne se battent pas. Les doyennes et doyens de l’humanité on toujours à peu près le même âge et la même bonne santé ; curieusement, ils ne vivent pas dans les pays où sévissent les gourous des NBIC. Les cordonniers du transhumanisme sont les plus mal chaussés. 

La grande fortune qu’empocheront les transhumanistes sains ne leur fera jamais gagner la moindre minute de vie. Le meilleur de la médecine pourra atténuer leurs maux et handicaps éventuels, comme pour tout un chacun.

Références

Les diablogues du coronavirus

samedi 5 septembre 2020

– Pourquoi y a-t-il de plus en plus de cas ?

– Parce qu’il y a de plus en plus de tests.

– Mais c’est une réponse stupide.

– Pas du tout, ce sont simplement les données actuelles de la science.

– Pourquoi y a-t-il de moins en moins de morts ?

– Parce que le virus a perdu beaucoup de sa virulence pour passer le plus inaperçu possible. – Cette stratégie a fonctionné pour ses ancêtres pendant des milliards d’années.

– Mais comment va-t-il faire maintenant que les virologues le trouvent même quand il est très discret ?

– Il faut attendre que les virologues apprennent à leur tour la discrétion.

– Alors pourquoi fait-on de plus en plus de tests ?

– Pour qu’il y ait de plus en plus de cas, car les morts n’ont plus assez de poids médiatique

– Vous vous moquez de moi.

– Un peu en effet. Cependant, les tests sont assurément une victoire scientifique et un vrai succès politique.

– Pourtant vous aviez l’air de sous-entendre qu’ils sont superflus.

– Non, il faut en faire beaucoup plus pour détecter tous les virus (rhinovirus, influenza, VRS adénovirus, etc.). Le coronavirus serait ravi de retrouver une place plus discrète parmi ses cousins.

– Mais le coronavirus ne pense pas.

– Il n’est pas le seul

– Cessez donc cette mascarade

– Soyez certain que je le voudrais sincèrement et littéralement.

– Encore une boutade. Il y a pourtant une deuxième vague qui fait craindre le pire

– La deuxième vague semble en effet plus forte dans les régions où il n’y a pas eu de première vague.

– Vous voulez dire que ce sont des première vagues.

– Tout cela est encore vague.

– Votre humour cache votre ignorance

– Je suis seulement certain que le virus tue ceux qu’il doit tuer et qu’il épargne tous les autres.

– C’est ridicule

– Oui, ridicule et incontestablement affreux. Les épidémies sont des affres inévitables. Celle-ci un peu moins que d’autres. Ou un peu plus. Tout est relatif.

– Et comment expliquez-vous qu’à Wuhan, il n’y ait plus un seul cas ?

– Je pense que les miracles, lassés de notre athéisme, se sont focalisés sur les dictatures laïques.

– Finalement, malgré toute votre science, vous n’en savez pas plus que moi.

– Et inversement

– Pédant !

– Oui, mais à la fin de l’envoi, je touche.

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