Archive pour février 2020

La pression parasitaire et les autres

jeudi 27 février 2020

Parmi les pressions environnementales que subit un être vivant, la « pression parasitaire » désigne l’ensemble des contraintes et nuisances liées aux virus, bactéries et parasites, ainsi qu’aux vecteurs : insectes et acariens qui les transmettent.

Chacun peut aisément comprendre que la pression parasitaire que subit un être humain est beaucoup plus forte dans les pays tropicaux.  

Lorsque l’on se rapproche des pôles, le froid limite toutes les formes de vie et la pression climatique devient alors plus néfaste que la pression parasitaire.

Lorsque certains Homo sapiens ont quitté leur berceau africain, il y a 160 000 ans, ils n’ont pu le faire qu’après avoir totalement maîtrisé le feu.  Si les parasites limitent fortement l’espérance de vie, aucun humain ne peut survivre plus de 24 heures au froid. Le feu a dès lors été une technologie sans retour.

Les habitants des pays tempérés ont ainsi bénéficié d’une bien plus grande espérance de vie en conjuguant la faible pression parasitaire et la réduction de la pression climatique par le feu et les technologies de l’habitat.

Aujourd’hui, ce différentiel d’espérance de vie se maintient, mais les diverses pollutions chimiques et atmosphériques des pays tempérés constituent un nouveau type de pression environnementale. La technologie semble avoir déjà atteint son seuil de contre-productivité en matière sanitaire.

Trivialement, on pourrait penser que le retour à des pays tropicaux et/ou peu industrialisées permettrait d’échapper à la pression chimique. Ce serait trop simpliste, car il n’y a plus de choix entre pression parasitaire et pression chimique comme cela fut le cas lors des migrations de nos ancêtres.

La pollution atmosphérique et les nuisances chimiques débordent toutes les frontières et chevauchent toutes les latitudes. L’Occident déverse ses déchets en Afrique et en Asie, contribuant à y majorer la pression chimique. Inversement, le réchauffement climatique majore la pression parasitaire dans les pays occidentaux. La globalisation concerne aussi les pressions environnementales.

Ne soyons pas trop catastrophistes pour autant. La sélection naturelle favorise la reproduction de ceux qui résistent le mieux aux différentes pressions. Les peuples tropicaux ont affiné leurs défenses génétiques et immunitaires. Il ne fait aucun doute que la génétique des populations occidentales a déjà commencé à sélectionner des caractères de résistance aux diverses pressions chimiques.

La seule inconnue est le temps. Combien de générations faudra-t-il pour affiner nos nouvelles défenses ? Cela prendra-t-il 5000, 50 000 ou 160 000 ans ?

Tout porte à croire qu’il serait préférable que ce ne soit pas plus de 500, voire 100 ans. 

Références

Fantaisies de patchs

samedi 22 février 2020

Il reste difficile de faire comprendre que le patch à la nicotine ne sert pas à arrêter de fumer, mais à compenser les éventuels effets du sevrage après avoir volontairement cessé de fumer. Certains prescripteurs ne l’ont d’ailleurs pas compris eux-mêmes.

Cette méprise n’a pas empêché son succès commercial, davantage lié à sa forme galénique de patch qu’à son utilité, par ailleurs très faible.

L’efficacité fantasmatique de ces dispositifs transdermiques a largement dépassé celles des ampoules buvables. Les plus anciens se souviennent de ces ampoules aux deux bouts effilés que nos mères rayaient avec la petite scie jetable que nous gardions pour d’autres usages. Il fallait ensuite rompre les deux bouts au risque de se blesser. Le gout infect du fortifiant ainsi délivré était un gage supplémentaire de son efficacité.

En matière de médicament, la forme a souvent plus d’importance que le fond. Les gélules bicolores et comprimés effervescents ont eu de longues heures de gloire avant que leur charme ne s’étiole. Certains patients exigent des piqûres, prétextant que les comprimés ne sont pas adaptés à leur fort tempérament. Pour d’autres, ce sont les génériques qui n’ont pas d’efficacité sur eux, le mot lui-même est devenu méprisable.

La chirurgie n’échappe pas à cette suprématie de la forme. Il est impossible de faire comprendre qu’une intervention au laser ou avec un robot, est peut-être superflue, car ces technologies ont un vernis qui dissimule toutes les vacuités. Saluons tout de même leur progrès qui permet parfois d’éviter l’anesthésie générale, laquelle a longtemps été un gage de sérieux.

Mais le patch trône au sommet d’un nouvel imaginaire : puissance médicale alliée à l’innocence cosmétique, intimité du progrès sans son extravagance.

Applaudissons la pharmacologie qui garde son efficacité sous formes de patchs, comme dans le cas de la contraception, de l’angor, ou des douleurs terminales. Désapprouvons celle qui se « patchifie » pour faire diversion de son inutilité comme dans le cas de l’Alzheimer. Regrettons que les patchs aient contribué à vulgariser les opiacés et à accroître le nombre d’addictions.

Les huiles essentielles, qui avaient déjà l’élégance de l’utilisation cutanée, ont désormais rejoint le cercle restreint des patchs.

Pour terminer, je vous livre un trésor de mon anthologie de messages publicitaires : « Notre patch est révolutionnaire et incontournable pour se protéger des ondes électromagnétiques. Les risques de la téléphonie mobile divisent les experts. Notre patch apporte enfin une solution simple et efficace. Il se présente sous la forme d’un circuit souple en argent, au design High Tech, à coller à l’arrière du smartphone. La santé d’abord. »

Il fallait y penser : la solution n’est plus de coller le patch sur le patient, mais sur la nuisance. Que les fabricants de cigarettes y songent, cela éviterait les erreurs de prescription du patch à la nicotine.

Références

Fertilité de la détresse

dimanche 16 février 2020

La médecine a débuté par la philosophie des énergies et humeurs corporelles : le yin et le yang en Chine, les trois énergies de l’ayurveda ou les 4 humeurs d’Hippocrate. Puis l’anatomie et la physiologie ont permis les progrès que l’on sait. Cependant, les troubles fonctionnels, psychiques et existentiels sont restés en friche, probablement car aucune science ne pourra jamais les défricher. Cette lacune, mal assumée par les médecins et mal acceptée par les patients a stimulé les imaginations pour le meilleur et pour le pire.

Toutes les psychothérapies et leurs dérivés : hypnose, sophrologie, art-thérapies, yoga, méditation, tai-chi-chuan, zoothérapies, tantrisme, training autogène, voire gélothérapie méritent leur place dans les soins académiques en raison de leur efficacité souvent supérieure aux médicaments.

Gymnastiques et massages sont toujours bénéfiques, malgré l’exotisme qui souvent les entoure et les nomme : tao-yin et qi gong, Shiatsu, fasciathérapie, kinésiologie, lomi-lomi, seitai, etc. Seuls, le rolfing qui prétend masser le tissu conjonctif profond et la microkinésithérapie qui, à l’instar de la psychanalyse, prétend effacer sur notre organisme les traces des évènements traumatiques, peuvent agacer le clinicien.
L’acupuncture, l’homéopathie, la phytothérapie, l’ostéopathie, le thermalisme et l’aromathérapie méritent le respect qui convient à leur persévérance, à leur volonté d’empathie et à leur charisme clinique. La chiropraxie pourrait mériter ce respect si elle évitait les très dangereuses manipulations cervicales.

Si l’imagination sans limite des pharmaciens nous irrite parfois, elle est largement dépassée par des pratiques alternatives telles que la chromothérapie, le crudivorisme, l’apithérapie, la lithothérapie ou l’oligothérapie. Surpassées à leur tour par l’ozonothérapie ou la spagyrie issue de l’alchimie. Le record étant détenu par l’amaroli qui encourage à boire ses urines.

Ces fantaisies commerciales deviennent ubuesques quand elles s’accompagnent de théories diagnostiques comme l’auriculothérapie ou l’iridologie, ou qu’elles ressuscitent les vieilles énergies, tel le feng shui qui prétend les harmoniser, le biomagnétisme qui élimine les énergies usées et encombrantes, l’analyse bioénergétique qui les recense avec précision, la géobiologie qui sait d’où elles proviennent et par où elles entrent en vous, et enfin, le reiki qui transmet l’énergie curative : véritable ‘force’ du Jedi

La palme revient aux thaumaturges et magnétiseurs qui imposent les mains sans toucher le mal, contrairement au roi qui prenait la peine d’effleurer les écrouelles. Avec une mention spéciale pour la chirurgie psychique qui opère à mains nues sans laisser de traces.

Enfin, j’ose à peine mentionner la médecine quantique et le thetahealing, car mes compétences en physique quantique sont insuffisantes.

La détresse est assurément le plus fertile terreau de l’imagination.

Références

Santé conjugale et sexuelle

mercredi 12 février 2020

S’intéresser aux liens entre conjugalité, sexualité et santé serait suspect de moralisme si l’épidémiologie ne nous révélait pas des vérités plus subtiles que celle d’affirmer que les maladies vénériennes n’arrivent qu’aux infidèles.

Par exemple, le taux d’adrénaline est plus élevé chez les célibataires, et leur risque de coronaropathie par stress mental est deux fois plus important. Ou encore, la survie d’un infarctus après 75 ans est meilleure si l’on vit en couple.

Pour l’hypertension artérielle, le statut matrimonial ne suffit pas, il faut aussi une bonne relation : les chiffres tensionnels sont d’autant plus élevés que la relation conjugale est jugée médiocre, particulièrement chez les femmes.

Le mariage d’amour, qui a succédé au mariage de convenance, a permis d’enrichir la sexualité du couple et, en corollaire, sa qualité de vie et sa santé, comme le confirment plusieurs indicateurs sanitaires.

Il en est du sexe comme du sport, une activité régulière diminue les risques. Mais ce cercle vertueux s’inverse après 60 ans, car le risque cardio-vasculaire augmente avec le nombre d’orgasmes masculins. Le ‘coup de foudre’ est déconseillé chez les séniors, et plus encore la testostérone et autres stimulants dont la toxicité multiplie le risque. Le Viagra® rend les passions mortelles ! Inversement, les orgasmes féminins à un âge avancé ont moins de répercussions négatives sur la tension artérielle, ils semblent diminuer le niveau de stress et améliorer globalement la santé.

La mort subite au cours d’une relation sexuelle est rare. Notons que les rapports extraconjugaux sont plus meurtriers puisqu’ils représentent 90% de cette mortalité. L’infarctus est plus souvent en cause chez les hommes et l’hémorragie méningée chez les femmes. Dans les deux cas, l’infidèle évite les explications fallacieuses !

Mais remplacer l’adultère par la pornographie dégrade les capacités cognitives : le temps passé sur les sites dédiés diminue la quantité de matière grise du noyau caudé et sa connectivité au cortex préfrontal.  Encore fallait-il le prouver !

Comme on pouvait s’en douter, la restriction calorique améliore non seulement l’espérance de vie, mais aussi la fonction sexuelle.

Les antidépresseurs dont on connaît déjà l’inefficacité et les dangers ont un impact négatif sur l’amour et l’attachement au partenaire, particulièrement chez les couples récemment formés. Avant de vous engager avec un dépressif, assurez-vous qu’il n’en consomme pas.

Si alcool, Viagra® et psychotropes peuvent faciliter les premières expériences, ils altèrent à la fois la durée et la qualité de la vie sexuelle. Ils ne s’inscrivent donc pas dans l’humour des plaisirs qui raccourcissent la vie mais dont l’absence la fait paraître plus longue.

Enfin, le sexe est un puissant support mercatique, l’industrie pharmaceutique est allée jusqu’à considérer la dysfonction érectile des séniors comme un signe de maladie cardio-vasculaire à traiter impérativement. Il fallait oser !

Références bibliographiques