Archive pour novembre 2014

Les médecins pourront signer d’une croix

lundi 10 novembre 2014

Le ministère de la santé anglais vient d’émettre le projet de verser 55 Livres (70 €) aux médecins à chaque nouveau diagnostic d’Alzheimer ou de démence quelconque. L’idée sous-jacente étant qu’il y aurait au moins 800 000 patients non diagnostiqués.

Payer les médecins pour faire des diagnostics est une idée assez originale… Mon garagiste en a été surpris, lui qui ne s’est jamais véritablement demandé pourquoi on le payait.

J’avais envie de me moquer des anglais pour sacrifier à la tradition, mais je constate que les médecins anglais ont réagi très violemment à ce projet, comme l’auraient sans doute fait mes confrères français. Mais qu’ont-ils donc ces médecins qui refusent de l’argent facile ?

Le raisonnement que je vous propose ici, ne peut valoir que ce que vaut celui d’un médecin incompétent à faire des diagnostics…

Mes confrères incapables laissent donc 800 000 déments courir en liberté et sans soins. J’en profite pour dire ici que si j’avais un jour une démence, je choisirai certainement une démence sans diagnostic, qui me paraît, a priori, être plus sympathique.

Non les médecins ne sont pas des imbéciles, rétorquent de grands spécialistes, garantis sans conflit d’intérêts, mais le diagnostic de pré-démence est très difficile à faire. Ils ont raison, ce diagnostic est aussi difficile à faire que celui de pré-schizophrénie, de pré-hypertension, de pré-asthme ou de pré-diarrhée…

Puisque les médecins ne sont pas des imbéciles et que la pré-démence est impossible à diagnostiquer, voyons ce que l’on peut faire… A ce stade du raisonnement, y a-t-il déjà quelqu’un qui se demande quel  intérêt a le ministère à créer une épidémie de démence ? Peu importe, la solution est de compter sur la vénalité des médecins pour forcer cet impossible diagnostic.

Le ministère a pensé comme Pierre Desproges : ou bien les médecins sont imbéciles et vénaux et ça m’étonnerait quand même un peu, ou bien ils ne le sont pas et ça m’étonnerait quand même beaucoup.

Peut-être que les médecins, dans un ultime élan de lucidité se rendent compte que 70 €, même multiplié par cent ou deux-cents diagnostics incertains, ne pourront jamais suffire à assurer leur formation à une bonne connaissance de la pré-démence ?

Devant de telles propositions, ils n’ont que deux solutions honorables, soit ils exigent au moins dix mille euros par diagnostic, soit ils acceptent leur incapacité définitive à faire un tel diagnostic.

La logique dictant aussi de reconnaître qu’ils peuvent aussi être eux-mêmes atteints d’une pré-démence méconnue et risquer de se tromper. Mais dans ce cas, ceux qui ont soufflé cette idée au ministère penseront qu’une incapacité cognitive des médecins serait sans importance, car ils pourraient facilement accepter quelques euros pour signer d’une croix en bas d’une feuille de diagnostic préétabli.

Références