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Prévalence et herborisation

mercredi 10 décembre 2008

Prévalence et herborisation.

La prévalence, plus difficile à déterminer que l’incidence, donne la photographie d’une population à un instant donné. La prévalence générale ne tient compte ni du sexe ni de l’âge, elle indique le pourcentage de personnes atteintes d’une maladie au jour J.

Pour la France, voici des chiffres moyens dans les publications les plus sérieuses pour quelques maladies courantes : psychoses: 3%, TOC: 3%, phobie sociale: 8%, autres phobies: 6%, dépressions majeures: 8%, dépressions mineures: 15%, Alzheimer : 2%, Parkinson: 1%, AVC: 0.3%, SEP: 0.2%, fibromyalgie: 15%, migraine: 10%, hypertension artérielle: 30%, valvulopathie: 2%, insuffisance cardiaque: 1%, coronaropathies: 1,5%, diabète de type 2: 4%, dyslipidémies: 8%, SAOS: 20%, obésité et surpoids: 30%, tous les cancers (dépistés et cliniques): 1.5%, hypothyroïdie: 3%, ostéoporose: 10%, etc.

Cessons ici cette énumération fastidieuse en constatant que nous avons déjà largement dépassé les 100% en étant bien loin d’avoir couvert tous les champs de la pathologie. Une conclusion s’impose : les patients sont atteints de plusieurs pathologies. Nous le savions déjà pour l’obésité et le SAOS, la fibromyalgie et la dépression ou encore la dyslipidémie et l’hypertension. En voici une preuve définitive. Tout bien réfléchi, il n’existe probablement que des patients polypathologiques. Voilà qui est rassurant pour ceux qui ont eu la chance de passer au travers de toutes ces pathologies, car ça leur laisse encore une petite chance de mourir de vieillesse…

Si nous en profitions pour nous offrir, avec ou sans humour, une petite réflexion épistémologique sur la classification de nos « objets-maladie », il est probable que nous en conclurions que nous sommes en train de nous fourvoyer.

Les historiens de la médecine mentionnent souvent avec amusement la «nosologie méthodique » de François Boissier de Sauvages, publiée en 1763 et dans laquelle il recensait 10 classes, 44 ordres, 315 genres et 2400 espèces de maladies. Cette « herborisation » de la médecine, comme la nommait Michel Foucault, est-elle vraiment dépassée aujourd’hui ?