Archive pour novembre 2009

La toxicité du geste

mardi 24 novembre 2009

Tous les médicaments possèdent des effets indésirables. Certains y voient un corollaire et une preuve de l’efficacité. Ils en profitent pour moquer l’homéopathie dépourvue d’effets secondaires donc d’effets thérapeutiques. Les homéopathes quant à eux se vantent de l’absence de nuisances de leur thérapeutique. La polémique est stérile et les arguments y sont souvent plus sectaires que scientifiques dans les deux camps. Pourtant, la chose est bien connue, les placebos ont aussi des effets secondaires. Le plus méconnu, et peut-être le plus grave, est l’addiction gestuelle.

Prendre un médicament est un geste non anodin qui sous-entend que le secours ne peut venir que de l’extérieur. Quelle que soit l’efficacité réelle ou supposée du médicament, la gestuelle de sa prise est un inducteur comportemental pour le patient et pour ceux à qui il sert de modèle.

Ainsi, l’expérience de terrain et quelques (trop rares) observations nous montrent comment les partisans de l’homéopathie, prenant leurs médicaments à tout va, pour un oui ou pour un non, au prétexte de leur absence de toxicité, induisent des addictions gestuelles chez leur progéniture.

Il serait passionnant de faire des études sereines pour savoir si, à l’âge adulte, cette addiction se limite aux inoffensives granules…

Moralité : homéopathie ou allopathie, le mieux est toujours de s’abstenir du geste. L’abstention redonne toute sa place à la biologie évolutive et au dénouement spontanément favorable de nos petites misères. Si l’histoire des médiateurs du soin nous montre leur quasi nécessité anthropologique, n’oublions jamais, qu’anodins ou non, ils sont toujours toxiques pour nos influençables comportements.

Le risque majeur de la polémique vaccinale.

vendredi 13 novembre 2009

La surmédiatisation de la nouvelle souche de virus grippal a eu des avantages. Elle a enfin enterré définitivement la fâcheuse confusion grippe/rhume qui sévissait encore chez quelques récalcitrants à l’éducation médicale. Elle a rappelé à tous l’ancienneté de cette maladie, contemporaine de l’élevage au néolithique, et sa relative gravité. Elle a montré l’inefficacité de tous les traitements curatifs, y compris les plus nouveaux et les plus vantés. Elle a enfin dévoilé aux derniers naïfs quelques aspects grotesques du politiquement correct et de l’électoralisme.

Devant ce danger, réel et familier, il ne reste que deux choix au patient potentiel. Soit ne rien faire en assumant un risque raisonnable. Soit se faire vacciner, seule prévention réellement efficace, comparée aux autres, toutes illusoires ou inapplicables (masques, désinfections, etc.)

Par contre, l’effet pervers de cette médiatisation est d’avoir permis aux lobbys anti-vaccination de bénéficier d’un temps de parole exceptionnel dont ils ont su abondamment profiter en magnant l’amalgame et la confusion avec une habileté coutumière aux seuls sectaires et politiciens.

Voici donc nos dirigeants risquant d’être punis par où ils ont péché !

J’ignore combien de morts seront évités par cette campagne vaccinale fort mal partie, mais il ne fait aucun doute que la nouvelle méfiance générée va diminuer encore la couverture vaccinale de maladies bien plus redoutables. Les morts par hépatite B, rougeole, coqueluche, diphtérie, pneumonies et autres tétanos risquent fort d’augmenter dans les prochaines années. Il ne reste plus qu’à espérer que leur nombre ne dépassera pas celui des morts économisées par la vaccination grippale afin que le bilan sanitaire global de cette gabegie de communications ne soit pas négatif.

Le petit robot de la publicité

mardi 3 novembre 2009

Depuis quelques mois, un petit robot, dont la voix rappelle celle du célèbre droïde « R2 D2 » de « La guerre des étoiles », sévit régulièrement sur les ondes publiques. Il nous indique, comment nous rendre, pas à pas, dans les W-C de notre propre appartement, ensuite, il nous exhorte à effectuer un prélèvement de selles dans le but de dépister une maladie susceptible de nous détruire de l’intérieur alors même que nous ignorons tout de son existence.

Cette publicité m’amuse, tout simplement. Il serait mesquin de parler des sommes conséquentes investies dans cette communication en insinuant qu’elles pourraient être utilisées pour des actions de santé publique plus urgentes, car, dans un système décisionnaire complexe, une action n’est jamais interchangeable avec une autre. Il serait encore plus mesquin de moquer le côté gadget du message délivré par un ministère à l’austérité revendiquée, car tout ce qui rapproche du peuple est forcément bon pour le peuple.

Cette publicité m’amuse doublement, car je suis certain que les experts en communication qui l’ont élaborée, n’ont pas imaginé à quel point elle pouvait atteindre le public ciblé.

Elle s’adresse, en effet, prioritairement, à ceux qui pensent que la robotisation du soin est la forme suprême de l’action sanitaire, à ceux qui sont convaincus que la composante cybernétique du dépistage de masse suffit à lui conférer sa pertinence, à ceux qui considèrent la signature d’un ministère comme une validation, a priori, d’un résultat futur et escompté.

De la publicité à la vérité, il y a du chemin à parcourir. Nous avons de bonnes raisons de penser que celui-ci sera très long, si l’on en juge par les résultats médiocres de toutes les études indépendantes sur le ratio coût/bénéfice des précédentes actions de dépistage de masse.

Dans quelques années, au moment du bilan, il faudrait encore être mesquin pour parler de chiffres, alors qu’il sera tellement plus simple et consensuel d’évoquer le souvenir de ce petit robot qui était un bien sympathique personnage de fiction.