Archive pour novembre 2020

Les bons, les mauvais et les autres

samedi 7 novembre 2020

Dans l’infini éditorial du Covid19 se trouvent de « bons » consensuels et de « mauvais » contestataires. Si j’y ajoute mon grain de sel, c’est pour de simples raisons de survie cognitive.

Les « mauvais » ne cessent de répéter que cette épidémie n’est pas pire que la grippe de Hong-Kong de 1969-70, dont personne n’a parlé. Les « bons » sont ceux qui en appellent au civisme pour éviter une catastrophe dont ils ne cessent de détailler la progression. Les mauvais sont ceux qui affirment que la chloroquine est efficace. Les bons sont ceux qui annoncent l’efficacité supérieure du remdesivir. Les mauvais ne trouvent pas de preuve sérieuse de l’efficacité du masque en population générale. Les bons vantent nos progrès dans l’acquisition et le stockage des précieux masques. Les mauvais déplorent les dégâts de la distanciation et du confinement chez nos enfants. Les bons incitent à plus de restrictions pour les jeunes. Les bons acceptent de sacrifier l’économie pour la santé. Les mauvais pensent que l’inactivité sera plus meurtrière.

Les bons seraient alors des naïfs du consensus et les mauvais des gibiers du complotisme. Les uns circonvenus par la démagogie du pouvoir, les autres fascinés par le populisme de la contestation.

Cert écart vient de notre ignorance mal assumée sur ce virus, son impact sanitaire réel et son épidémiologie future ; nous ne saurons que dans deux ou trois ans si cette virose respiratoire n’est que la énième de celles que connaît l’humanité depuis toujours, et si sa seule différence est précisément son infini éditorial.

En attendant, évitons ceux qui se servent de vérités pour glisser des mensonges. Ceux qui parsèment de science leurs élucubrations avec d’habiles mises en scène. La science dévoyée de Didier Raoult et le complotisme habillé de science d’Ema Krusi se rejoignent dans un même et dangereux obscurantisme.

Notons cependant quelques vérités rassurantes. Oui, la grippe dite de Hong-Kong qui a sévi en France pendant l’hiver 1969-70 a fait 32000 morts en 3 mois, selon les estimations les plus précises. Soit, à l’époque 640 morts par million d’habitants (mMh). Oui, notre épidémie actuelle avec ses 40 000 décès en 9 mois n’a pas encore dépassé ce taux, puisqu’elle n’en est qu’à 590 mMh. Oui, elle épargne nos enfants. Oui, la perte d’années/qualité de vie est faible, car la mortalité concerne des personnes à faible espérance de vie. Non, le laxisme suédois face à cette épidémie n’a pas provoqué de cataclysme sanitaire.

Il y a aussi d’autres vérités incontestables et moins rassurantes. Ni la chloroquine qui ne coûte rien, ni le remdesivir qui coûte une fortune, n’ont la moindre efficacité sur cette maladie. Non, aucune épidémie ne peut modérer la corruption, le profit  et le lobbying. Non, on ne peut pas faire un vaccin sûr et efficace en quelques mois, surtout contre une virose respiratoire.

Le plus difficile est d’habiller ces vérités avec la bonne éthique et la bonne mercatique, pour ne pas être classé parmi les mauvais.

Références

L’élément manquant

dimanche 1 novembre 2020

Les homicides sont un trait tristement répandu dans notre espèce. Pour autant, il n’est pas facile de tuer un congénère, car il faut outrepasser les inhibitions naturelles que l’évolution a mises en place pour limiter le meurtre intraspécifique, non profitable à l’espèce.

Idéologies, conquêtes territoriales, psychoses, passions amoureuses, drames familiaux sont autant de réalités bien identifiées à l’origine des homicides.

Il y a cependant de grandes différences de charge émotionnelle chez le meurtrier. Tuer avec une arme blanche fait couler plus d’adrénaline qu’avec une arme à feu. Les meurtres passionnels sont souvent impulsifs. Les querelles de voisinage peuvent conduire à des drames cocasses avec des armes improbables. Instruction militaire, idéologie, manipulation mentale, jalousie, haine ou colère accumulées, les processus de la désinhibition sont longs et tortueux avant tout homicide.

Mais lorsque la barbarie dépasse l’entendement, aucune neurophysiologie intime ne peut suffire, il faut un catalyseur externe. L’alcool est le plus connu, on ne pourra ou ne voudra jamais savoir de combien de féminicides il a été le catalyseur. Il a armé le bras de nos poilus.

Mais, il y a bien pire et beaucoup mieux depuis. Les preuves abondent désormais sur le rôle des amphétamines dans les actes terroristes, sur celui des benzodiazépines ou antidépresseurs sérotoninergiques dans les infanticides ou autres barbaries familiales. Les hallucinogènes et autres psychédéliques tordent la réalité et jouent le rôle du délire psychotique qui conduit à des actes insensés.  Le cannabis est connu pour son induction psychotique.

Lors de chaque nouveau drame, les commentateurs et enquêteurs projettent leur rationalité sur celle de l’assassin. Recherche de la motivation : prosélytisme, mission divine ou radicalisation. Recherche des facilitateurs ou manipulateurs : famille, réseaux sociaux, sectes, djihadistes. Recherche du passé judiciaire, familial, scolaire, professionnel. Cela relève de la logique de toute enquête, mais ne s’intéresse qu’à ses aspects cognitifs et socio-culturels. Cela est insuffisant au-delà d’un certain seuil de barbarie. Cela revient à négliger le délire, l’impulsivité, le caractère irrépressible, la folie suicidaire, autant d’éléments qui ne peuvent se réduire à l’aboutissement de processus cognitifs ou neurophysiologiques normaux.

Le grand oublié est le catalyseur. Je n’ai jamais entendu parler de dosage de psychotropes après de telles barbaries. Nous savons doser facilement l’alcool, l’arsenic, la cotinine, le lithium, la digoxine et moultes médicaments, nos tests biologiques sont de plus en plus performants.

Pourquoi cet élément majeur et probablement peu coûteux reste-t-il l’élément manquant dans toutes ces enquêtes ?

Quel député proposera enfin de l’imposer, comme on l’a fait pour l’alcool après les accidents de la route ?

Références