Archive pour novembre 2011

Chasse aux arrêts maladie

dimanche 20 novembre 2011

Lisez, regardez et écoutez attentivement les médias, ils en savent beaucoup plus que vous sur votre santé. Vous découvrirez ainsi qu’un cancer microscopique se cache dans chacun de vos organes et qu’il est grand temps de vous en préoccuper. Vous avez probablement une dépression dont vous ignorez l’existence et que votre médecin n’a pas su diagnostiquer, car il s’agit d’une « dépression masquée ». Les masques des dépressions sont multiples et variés, et ils peuvent aussi être eux-mêmes masqués, ce qui nécessite de grandes compétences psychiatriques pour les reconnaître.

Vous pensez que vos taux de sucre et de cholestérol sont bons ; détrompez-vous, les normes ont changé et vous êtes certainement déjà entré dans une zone à risque. Votre enfant est tombé deux fois cette semaine en apprenant à faire du vélo et il manque de vigilance à l’école maternelle, c’est assurément un hyperactif, agissez avant qu’il ne soit trop tard. Mesdames, lorsqu’il vous arrive de rabrouer votre mari qui a oublié quelque chose au supermarché, vérifiez bien où vous en êtes de votre cycle, car vous avez certainement un « syndrome dysphorique prémenstruel » qui nécessite de toute urgence un traitement antidépresseur. Messieurs n’écoutez plus ces médecins irresponsables qui sont de plus en plus nombreux à penser que le dépistage du cancer de la prostate est inutile et même dangereux, achetez un test et faites-le vous-même sans passer par un laboratoire et consultez un urologue, de préférence, hyperactif.

Vous ne savez plus où vous avez rangé vos clés, pourquoi nier avec autant de véhémence que c’est bien le début d’une maladie d’Alzheimer. Soyez raisonnable, faites un traitement puisqu’il est remboursé malgré son inefficacité reconnue. Et si vous ne comprenez pas que c’est le traitement qui est primordial et non son efficacité, c’est que votre Alzheimer est déjà bien avancé.

Chers concitoyens, vous avez peut-être aussi un psoriasis, une migraine, un trouble anxieux généralisé, une spondylarthrite ankylosante ou un trouble bipolaire, car il y en a en réalité quatre à cinq fois plus que les médecins n’en diagnostiquent. En effet, à l’instar de vos enfants, les médecins souffrent d’une baisse chronique de la vigilance, ils ne diagnostiquent plus rien. Pourquoi donc continuez-vous à aller les voir ?

Ah ! vous dites avoir encore besoin d’eux pour obtenir des arrêts maladie.

Eh oui, c’est bien là toute l’aberration de notre système, avec toutes ces maladies qui sévissent, en manque de diagnostic, l’arrêt-maladie devrait être préventif, généralisé et permanent pour compenser l’incurie des médecins.

Quand je pense que notre administration a décidé de faire la chasse aux arrêts maladie…

Allez comprendre…

Curieuse extension de l’effet placebo

jeudi 10 novembre 2011

D’après les données de la science indépendante, les traitements médicamenteux actuels de la maladie d’Alzheimer n’ont aucune efficacité, sinon un léger effet transitoire qui ne change en rien le cours de cette terrible maladie. La plupart de ces médicaments ont des effets indésirables d’autant plus dommageables que le patient est dans l’incapacité cognitive de s’en plaindre !

Sur le terrain, l’expérience médicale montre que ce sont les proches du patient qui réclament les traitements et qui vérifient le bon suivi des prescriptions. Leur insistance se comprend aisément, car cette maladie est un drame réel pour l’entourage, peut-être parfois plus que pour le patient lui-même.

Cette pathologie a une particularité, devenue très rare de nos jours, qui est de répondre à une définition exclusivement clinique : aucune analyse, aucune image n’est plus pertinente pour confirmer le diagnostic que les symptômes vécus par le patients et constatés par le clinicien. Aujourd’hui, il semble que les organismes sociaux ne savent définitivement plus officialiser un diagnostic sans le secours d’une image ou d’une analyse. Ainsi, devant le vide paraclinique de la maladie d’Alzheimer, les administrations ont pris la curieuse et fâcheuse habitude de confirmer l’existence de cette maladie par la présence d’une prescription médicamenteuse.

Ainsi, même avec un diagnostic clinique certain, la sécurité sociale refuse souvent la prise en charge à 100% s’il n’y a pas de prise médicamenteuse ! Situation d’autant plus cocasse que ces médicaments sont inutiles et coûteux.

Nous connaissions depuis longtemps l’effet placebo, fort utile à nos patients, et qu’il convient de respecter comme un élément indispensable du soin. L’intérêt majeur des placebos était leur totale innocuité.

Dans le cas de la maladie d’Alzheimer nous constatons une bien étrange extension de l’effet placebo puisqu’il s’exerce désormais, non plus sur le patient, mais sur son entourage et sur les organismes sociaux. Extension d’autant plus dramatique qu’à la différence des inoffensifs placebos d’antan, celui-ci est potentiellement dangereux pour le patient.

A l’époque de la médecine basée sur les preuves, cette curieuse extension de l’effet placebo nous plonge dans une grande perplexité sur l’étrange coévolution des sciences biomédicales et des systèmes socio-sanitaires.

Saluons tout de même le génie mercatique consistant à s’appuyer sur un drame médical et social et sur l’activisme désordonné qu’il suscite pour nous faire revenir aux temps obscurs où les placebos représentaient l’essentiel de notre arsenal pharmaceutique.