Archive pour juillet 2023

Pas de médecine après 75 ans

lundi 24 juillet 2023

L’augmentation de l’espérance moyenne de vie à la naissance résulte essentiellement de l’élimination des morts infantiles et très peu du prolongement de la vie des séniors. Cependant, l’évolution de la consommation et des pratiques médicales conduit à considérer la mort comme un échec répréhensible, quels qu’en soient l’âge et la cause. Cette distorsion provient moins des progrès réels de la biomédecine que des promesses ubuesques de son marché. Le simple constat des résultats des promesses passées en apporte confirmation.   

Les statines ont été largement prescrites aux séniors contre le mauvais cholestérol (LDL) ; on constate pourtant que le taux de ce LDL est inversement associé à la mortalité toutes causes confondues. Après un premier accident cardio-vasculaire, les statines semblent utiles en prévention secondaire, mais elles n’ont jamais réussi à faire la preuve de leur efficacité an prévention primaire, c’est-à-dire avant tout accident. Elles sont également inutiles en prévention secondaire après 75 ans. Elles n’ont plus leur place sur le podium de l’immortalité.

Nous pouvons en dire autant de la testostérone (particulièrement délétère), de la DHEA et des nombreux antioxydants qui, malgré leur célébrité, n’ont jamais fait gagner un jour de vie à quiconque et en ont souvent fait perdre.

Le traitement de la ménopause, abandonné car trop dangereux, a été remplacé par le calcium, prescrit pour éviter les fractures, mais ce dernier augmente le risque de maladies cardio-vasculaires et rénales.

Après un certain âge, le traitement de l’hypertension artérielle devient plus nuisible que bénéfique, en augmentant le risque de démence, de chutes et de fractures.

Après avoir vacciné les séniors contre la grippe et le coronavirus, on constate qu’un banal rhinovirus peut les tuer tout autant.

D’une manière générale, les médicaments abusivement prescrits en gériatrie comme les hypnotiques, les anticoagulants ou de simples antiacides gastriques, sont l’une des premières causes d’hospitalisation et de mortalité. Malgré cela, l’hospitalisation majore les prescriptions inappropriées : les ordonnances de sortie sont plus chargées qu’à l’entrée. Dans sa dernière année de vie, un patient hospitalisé sur 6 reçoit plus de 35 médicaments.

Même l’oxygène ne fait pas mieux que l’air ambiant pour améliorer l’état des patients. Pourtant nul hôpital n’ose supprimer ce symbole de survie.

De façon plus triviale, l’hospitalisation et l’alitement aggravent les déclins fonctionnels de la vieillesse : perte de masse osseuse, musculaire et plasmatique. Les traitements administrés à l’hôpital sont souvent plus agressifs et moins compatibles avec une mort paisible. Même à cent ans, l’exercice reste le meilleur gage de survie.

Partant du principe qu’être en vie à 75 ans signe un passé sanitaire favorable, la conclusion paraîtra sacrilège : la raison clinique, confortée par une très riche bibliographie, impose d’éviter la médecine après 75 ans.

PS : ceci ne concerne pas la chirurgie.

Références