Le seul tort des psychiatres

Les psychiatres qui font certainement leur métier avec empathie et humanité, doivent souffrir devant leur cruel manque de résultats.

On estime à 25% la prévalence des troubles mentaux, et une personne sur trois en aura au moins un au cours de sa vie. Une grande enquête sur des personnes de plus de 65 ans révèle qu’au cours de leur vie, 47% des personnes ont présenté une affection psychiatrique, 26% une dépression majeure, 30 % des troubles anxieux, 11% une anxiété généralisée, 21 % des phobies, 3,7% une tentative de suicide, 4,7 % une psychose.

La prévalence de troubles psychiatriques pendant la grossesse reste inchangée, alors que ces troubles se répercutent très souvent sur leur progéniture.

La prévalence de l’anxiété et des troubles de l’humeur n’a pas diminué, malgré la profusion des traitements. Les ressources importantes allouées aux problèmes psychiatriques n’ont jamais de répercussion sur les indicateurs de la détresse psychologique. Quadrupler les budgets et doubler nombre de psychiatres, comme l’a fait la Nouvelle Zélande, a eu pour seul effet de doubler la consommation de psychotropes sans réduire la morbidité : 13,7 % des citoyens reçoivent des antidépresseurs et 3,1 % des neuroleptiques.

Toutes les méta-analyses montrent un risque de mortalité doublé chez les malades mentaux.  Leur espérance de vie est amputée de 8 à 20 années. Les maladies mentales contribuent à 14 % des décès mondiaux, soit 8 millions par an. Cette surmortalité n’est pas uniquement liée aux suicides et accidents mais aussi aux traitements et à divers facteurs socio-économiques. Ces facteurs, dont l’effet majeur sur le psychisme est connu depuis la Grèce antique, permettent de relativiser l’échec épidémiologique de la psychiatrie.  

On peut reprocher aux psychiatres d’avoir des diagnostics instables et flous. Leurs codages du trouble anxio-dépressif montrent un kappa voisin de zéro. Il n’existe aucun consensus sur la notion de sévérité d’un trouble mental. L’idéation paranoïaque dans la population varie de 2% pour les uns à 30% pour les autres. Pour quatre psychoses graves : schizophrénie, maladie bipolaire, dépression à caractère psychotique et psychose liée à une drogue, la moitié des patients n’ont pas eu le même diagnostic dix ans plus tard. Les 176 critères étudiés dans les deux systèmes de classement des maladies psychiatriques (CIM et DSM), diffèrent pour 99,9% des maladies.

Certes, leur tâche n’est pas aisée, car la moitié des patients atteint d’un trouble psychiatrique répondent également aux critères d’un autre trouble. Les données pangénomiques, neurobiologiques et épidémiologiques suggèrent une architecture de risque partagée pour des diagnostics aussi divers que troubles bipolaires, schizophrénie, TDAH, dépressions majeures et addictions.

Le seul grand tort des psychiatres est de n’avoir pas su empêcher la création de diagnostics pour tous les malheurs de la vie et de n’avoir toujours pas trouvé de mesure objective pour différencier le normal de l’anormal.

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