Pharmacologie sociale

La pharmacologie sociale étudie les facteurs sociaux qui influencent l’usage des médicaments, à des fins thérapeutiques ou non, et leur répercussions sur la société.

Elle démontre que l’autorisation de mise sur le marché (AMM) par les autorités, la prescription par les médecins et l’usage par les citoyens de la grande majorité des médicaments, répondent à de nombreux facteurs qui ne sont ni cliniques, ni rationnels.

L’AMM est accordé à de multiples copies par simple respect du libre marché sans souci de l’impact sur les finances publiques. Ainsi, sur 1000 médicaments mis sur le marché, seulement 30% représentent une innovation, le plus souvent dérisoire. Ces AMM sont basées sur des essais cliniques qui souffrent des « cinq trop » : trop courts, trop schématiques, trop rigides, trop réservés aux âges moyens, trop peu représentatifs de la population cible.

 Les investissements en matière de recherche pharmacologique sont totalement déconnectés de la prévalence ou de la gravité des maladies. Ainsi, on recense 160 médicaments contre l’hypertension artérielle contre seulement 40 destinés aux graves parasitoses tropicales.

On découvre que 80% des médicaments sont consommés par 17% de la population mondiale. Cette inégalité entre pays se retrouve de façon inversée à l’intérieur des pays. Dans les pays riches, ce sont les plus pauvres et les moins éduqués qui sont les plus gros consommateurs de médicaments, soit pour usage thérapeutique, soit de façon détournée comme drogues. Ainsi, la consommation de médicaments est un indicateur des inégalités sociales aussi important que l’obésité.

Les prescripteurs sont formés majoritairement par les laboratoires et soumis aux forcing des médias qui annoncent des découvertes toujours miraculeuses. La culture populaire joue également un rôle pour la prescription : l’homéopathie n’existe qu’en Europe de l’Ouest, les Asiatiques refusent les suppositoires, les Anglo-Saxons ne croient pas à l’efficacité des injections.

La théorie des signatures de Paracelse soutenait que la forme et la couleur des plantes donnait une idée de leur action. Le satyrion, ainsi nommé par sa ressemblance aux organes génitaux devait agir contre l’impuissance. De même la pulmonaire dont la marbrure des feuilles évoque les poumons devait agir sur cet organe. Le marché moderne a repris avec succès les ingrédients de cette théorie fantaisiste : un anxiolytique ne doit pas avoir de couleur vive, la rhumatologie dispose d’antiinflammatoires en forme d’osselet et la cardiologie de comprimés en forme de cœur.

Pour être puissants, les « fortifiants » de notre enfance devaient se présenter sous forme d’ampoules buvables et avoir très mauvais goût ; heureusement que nous avions le plaisir de scier les deux côtés de l’ampoule et de garder la petite scie.

Enfin, la pharmacologie sociale aborde l’impact écologique des médicaments éliminés dans la nature. Énorme !

Je vais m’empresser de recycler les dernières petites scies de ma collection.

Bibliographie

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