Chercheurs du cancer

Les cancérologues, cliniciens ou chercheurs, ont un métier passionnant sous maints aspects. Ils parviennent à différentier les cellules d’une tumeur et vérifier si leur développement est sous l’influence de l’environnement, d’une hormone ou d’un flux sanguin. Ils conçoivent des thérapies ciblées dont le résultat est parfois spectaculaire et visible sur des images qui encouragent le patient à se battre. Leur compréhension des relations entre le système immunitaire et le développement tumoral permet d’envisager des thérapies immunitaires, voire des vaccins théoriquement parfaits.

En plus de ces victoires, ils ont des relations souvent riches d’empathie avec des patients qui leur vouent admiration et affection.

Forts de tout cela, ils sont favoris des médias dont ils font souvent la une pour dévoiler une nouvelle théorie pouvant déboucher sur un traitement dont on attend toujours le meilleur. Ils sont parfois accompagnés d’un patient miraculé qui vient apporter son témoignage enthousiasmant. Ces médias leur permettent de lever des fonds considérables pour des recherches de plus en plus coûteuses. Donner contre le cancer, c’est donner pour la vie. Les plus âgés et les plus fortunés donnent avec l’espoir légitime d’un éventuel bénéfice personnel ultérieur.

Hélas, la cancérologie de l’adulte est loin de connaître les succès de la cancérologie pédiatrique. Moi qui n’ai jamais pu me résigner à voir mourir un enfant de leucémie ou autre cancer, je suis ravi de constater que les progrès sont prodigieux en ce domaine avec près de 70% de guérisons. En plus de la vigueur de leur système immunitaire, les enfants ont des cancers de type « monoclonal ». Ce qui signifie qu’une seule cellule souche est atteinte, un peu comme dans une maladie rare où un seul gène est anormal.

Inversement en cancérologie adulte, les traitements sont incertains, car les tumeurs contiennent une grande variété de cellules tumorales, résultant des inévitables mutations survenues à chacune des milliers de divisions cellulaires passées. Une plus longue exposition aux toxiques environnementaux aggrave ces mutations et le système immunitaire vieillissant ne parvient plus à éliminer tous les mutants. A-t-on même besoin d’explication pour savoir qu’aucune lignée cellulaire n’échappe à la sénescence ?

Tous les efforts des chercheurs ont-ils modifié la réalité clinique des cancers de l’adulte ? Le seul indicateur sanitaire permettant de le savoir est l’âge moyen constaté à la mort pour chaque type de cancer. Curieusement, cet indicateur est presque toujours remplacé par d’autres, tels que survie après diagnostic ou durée de rémission, qui ont certainement une vertu pour le moral des patients, mais qui sont dépourvus de pertinence en termes de santé publique. Quel dommage ! Cela nous permettrait de discuter du coût que peut supporter la société par semaine ou mois gagnés sur cet indicateur.

En attendant, le coût des thérapies reste exclusivement proportionnel à l’empathie que suscite le cancer.

Bibliographie

Un commentaire sur “Chercheurs du cancer”

  1. marie josephe dzula dit :

    la société n’a pas envie de voir la réalité en face.
    J’apprécie vos réflexions.
    J’ai l’impression qu’on voit des cancers de plus en plus jeunes: exposition maternelle ?

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