Déclin de la transcendance

La neurophysiologie fascine par ses progrès fulgurants et agace par sa prétention à percer les secrets de notre esprit et de nos émotions.

Ceux qui relatent avoir vu un OVNI sont sincères, il ne faut pas leur parler d’hallucination visuelle, car ils le vivent comme une insulte, même en précisant que les hallucinations ne sont pas une exclusivité des psychotiques. Leur rêve d’OVNI dépasse tous ceux de la neurophysiologie.

Dire que les voix de Jeanne d’Arc auraient résulté d’un dysfonctionnement du gyrus parahippocampique suivi d’une stimulation inadaptée de l’aire du langage associée aux hallucinations auditives, serait à la fois sacrilège et traître à la patrie.

Pourtant, nul n’est à l’abri d’une hallucination, même sans psychose et sans Dieu.

Laissons Dieu tranquille pour parler plus simplement d’auto-transcendance, un trait de personnalité qui englobe les comportements religieux. Des neurophysiologistes sont allés jusqu’à établir des scores de cette transcendance afin d’étudier, en imagerie fonctionnelle, sa corrélation avec la densité de récepteurs à la sérotonine dans le néocortex. D’aucuns diront qu’il faut avoir l’esprit tordu pour de telles expériences, d’autres qu’il faut être un prosélyte de l’athéisme. Cependant, la réponse est claire : il existe une corrélation inverse entre les scores de transcendance et le nombre de récepteurs.

Après les dérives de la pharmacologie psychiatrique, voilà de quoi s’inquiéter d’éventuels dégâts de la chimie spirituelle…

Quant aux extraterrestres, ces petits hommes verts qui vous regardent étrangement, il était troublant que plusieurs personnes sans lien en fassent la même description. Une possible explication est basée sur les réveils inopinés en cours d’anesthésie générale : expériences traumatisantes pouvant laisser de pénibles séquelles. Mais pourquoi les petits hommes verts seraient l’une de ces séquelles ? C’est trop bête. Les personnes entrevues lors de ces réveils au bloc opératoire portaient tous des blouses et bonnets verts et regardaient étrangement le patient. On croit volontiers ces patients lorsqu’ils relatent leur peur panique et leur sentiment d’impuissance à ce moment.

Les expériences de mort imminente sont un curieux phénomène identifié dans les années 1970. Les patients ayant survécu à un arrêt cardiaque, coma, noyade, asphyxie ou autre, relatent tous les mêmes sensations : vie qui défile, franchissement d’un tunnel, corps qui flotte au-dessus de soi, paix intérieure. Ces sensations, qui ont logiquement majoré les préoccupations métaphysiques des patients, sont similaires à celles de l’intrusion de sommeil paradoxal dans l’état de veille, constatée dans quelques pathologies. L’explication avancée est un mécanisme cholinergique venant contrebalancer la réaction d’alerte noradrénergique liée à l’accident.

Si les neurophysiologistes continuent à nous spolier des dieux et de la transcendance, il ne nous restera que les djihadistes pour croire en l’au-delà. 

Bibliographie

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