Statines à tous les étages

Les statines sont ces médicaments qui abaissent le taux des mauvaises graisses encrassant nos artères. Leur prescription, après un premier accident vasculaire, diminue le risque d’un second. L’idéal serait de ne pas avoir de premier accident ; hélas les statines n’empêchent pas la survenue d’un premier accident, ce qui laisse supposer que le vieillissement de nos artères n’est pas dû exclusivement au cholestérol. On a en effet déjà identifié plus de cent autres facteurs, permettant de conclure hardiment que la mort est plurifactorielle.

  Les statines ont fait l’objet de plus de 200 000 publications. Cette saturation de l’espace éditorial leur confère une place de choix dans la médiatisation de l’immortalité. Leur chiffre d’affaires annuel d’environ 40 milliards d’euros permet de financer la recherche qui permet à son tour de produire des publications. Il n’est même pas besoin de corruption directe, car cette auto-inflation est un inaltérable pilier de la science mercatique.

Parfois, des leaders de la cardiologie, conscients ou non de leurs conflits d’intérêts, finissent par se lasser. Dans un sursaut cognitif ils veulent parler d’autre chose, sans pour autant se priver des divers soutiens académiques, éditoriaux et financiers des marchands de statines. L’exercice est délicat et risqué pour leur carrière. Ils y parviennent pourtant en mêlant les statines à toutes les sauces (non grasses évidemment) …

Ainsi, l’utilité de ces médicaments a été montrée, ou plus souvent cherchée pour de nombreuses maladies : dans le cancer du sein et de la prostate, dans d’autres cancers à l’épidémiologie moins rentable, dans la démence, l’asthme, la schizophrénie, la maladie bipolaire, l’autisme, la migraine, la dépression, le suicide, la sclérose en plaques, la DMLA, la maladie d’Alzheimer, les kystes ovariens, les septicémies, et beaucoup d’autres que je n’oserai pas citer même en fournissant la bibliographie correspondante. Sans oublier la covid 19 qui ne pouvait pas échapper au test des statines ; les seigneurs doivent s’honorer mutuellement.

Cette panacée qui exerce une suprématie sur la médecine depuis les années 1990 commence à donner des signes de faiblesse. Le chiffre d’affaires des statines diminue régulièrement. N’allez pas croire que cette baisse est liée à leurs nombreux effets secondaires, ni aux publications démontrant que l’arrêt du tabac ou la marche font cent fois mieux, ni aux preuves accumulées de leur inutilité après 70 ans. Non, tout cela est marginal ou considéré comme tel par la cardiologie officielle. Le chiffre d’affaires diminue essentiellement parce que de nouvelles molécules anticholestérol, donc anti-mortalité, apparaissent à grand renfort de publications.

Une nouvelle boucle auto-inflationniste s’annonce, encore plus prometteuse. Les premiers essais sont concluants. La seule précaution d’emploi, tant pour les statines que pour ces nouvelles panacées, est de ne pas les prescrire en même temps que l’extrême-onction.

Bibliographie

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