Même la course à pied

La médecine antique avait observé les mille vertus de l’exercice physique. Depuis, les preuves se sont accumulées bien au-delà de ce qu’avaient supposé Hippocrate et ses prédécesseurs. L’exercice physique résume la médecine préventive et il surpasse la médecine curative dans nombre de pathologies où nul ne l’aurait imaginé.

Il améliore la quasi-totalité des scores métaboliques, il diminue fortement le risque de tous types de cancers et de troubles mentaux, il retarde l’apparition des maladies neurodégénératives. Il améliore les fonctions cognitives, la qualité du sommeil et les troubles respiratoires. Enfin, il est incroyablement plus efficace que tous les médicaments connus à ce jour dans les maladies cardio-vasculaires, y compris l’insuffisance cardiaque.

Ces assertions ne nécessitent plus de bibliographie, et l’on peut même se demander pourquoi l’on continue à effectuer des recherches.

Hélas, les variétés modernes d’Homo sapiens ont perdu le sens de la mesure, et les bienfaits du sport sont en train de disparaître par la démesure des compétitions et des commerces qu’il engendre.

Le dopage excessif des cyclistes leur a déjà fait perdre plus d’années de vie que leur sport ne leur en a fait gagner. Les anabolisant détruisent les nageuses des dictatures et les culturistes des démocraties. Le sommet de l’Everest est jonché de cadavres d’obsessionnels de la performance. Les plaisirs du jogging se transforment en névroses d’« iron man ».

De tels risques, pour quelques secondes de gloire ou de plaisir, ne seraient qu’anecdotiques sans le commerce lucratif qui s’en est emparé.

Le football ne peut plus se concevoir sans les milliards d’euros qui lui sont indissociablement liés. Il serait malvenu d’évoquer un risque sanitaire lié à l’alcoolisme des supporters, à la violence des stades ou à l’empreinte carbone des vols internationaux. Le rugby, longtemps épargné, sombre à son tour dans ce commerce, ainsi que tous les sports d’équipe. Enfin, leur accessibilité aux femmes, fruit d’un légitime combat égalitariste, est une occasion de doubler le chiffre d’affaires de ces spectacles populaires qu’il serait fou de critiquer.

Inversement, les courses d’endurance, par nature individualistes et dépourvues de spectacle, semblaient devoir être épargnées par ces démesures. Nenni.

Ultra Trail du Mont Blanc, Marathon des sables, ou Iron Man sont des marques déposées et des commerces lucratifs qui cherchent leurs prospects dans des foires. Ces derniers, à la différence des gladiateurs, paient pour aller au bout de l’exténuation, puis ils mourront précocement d’asphyxie par hypertrophie cardiaque.

Ces courses des milliers de gobelets et bouteilles en plastique, ainsi que des voyages aériens sans autre objet que la course d’un jour. Les chaussures de transition du triathlon sont jetées et viennent s’ajouter aux tonnes d’ordure qui jonchent les pistes. Ceux qui ne mourront pas d’hypertrophie cardiaque subiront plus tard l’impact sanitaire négatif de ces empreintes carbone.

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