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Maladies de légende

lundi 9 décembre 2019

En juillet 1969, lors de la mission Apollo 11, Neil Armstrong a fait les premiers pas de l’homme sur la lune. La médiatisation de cet évènement a fait le tour du monde.

Dans les jours suivants, une épidémie de conjonctivite hémorragique virale s’est répandue dans toute l’Afrique de l’Ouest et au-delà. Les populations ont alors fait le rapprochement entre cette épidémie et la marche sur la lune. Le lien est évident ! Comme celui d’avoir été renversé par un autobus après une vaccination.

Le virus a vite été identifié, il s’agissait de l’entérovirus EV70, mais rien n’empêcha la population de le nommer ‘virus Apollo’. C’est le nom qu’il porte encore aujourd’hui.

Le candiru est une maladie connue depuis le XVIII° siècle, elle est provoquée par un petit poisson qui vit dans les eaux douces d’Amazonie. Elle se contracte en urinant dans une rivière, car le petit poisson peut remonter le long du jet, atteindre l’urètre et la vessie où il se fixe grâce à de puissants crochets. Il grossit alors et produit des milliers d’œufs qui provoquent de graves troubles de l’appareil urinaire.

Cette maladie est répertoriée dans l’index américain des maladies sous le numéro B88.8. Les tour-operator recommandent de ne pas uriner dans les rivières d’Amazonie. Internet diffuse des commentaires alarmants de patients et de témoins. Les poissons éclosent par millions. Ils dévorent les muqueuses de la vessie. Ils provoquent des hémorragies souvent mortelles.

Curieusement, aucun cas importé n’a été recensé à ce jour.

Le candiru est évidemment une légende que les indigènes avaient inventée pour faire peur aux premiers colons. L’idée était subtile, mais elle n’a pas empêché des millions de touristes de venir piétiner la biodiversité amazonienne sans savoir qu’une photo de smartphone n’en fournit aucune clé de compréhension. On finira par regretter que le candiru n’existe pas.

Je me souviens de mes patients prétendant avoir attrapé leur chaude-pisse sur la cuvette des WC. Je me souviens aussi du dahu de mon enfance, cet animal dont les pattes sont plus courtes d’un côté pour lui permettre de marcher à flanc de montagne. Il est ainsi condamné à faire le tour des monts toujours dans le même sens. Il suffisait de revenir bredouille de sa première chasse au dahu pour comprendre le jeu subtil de la légende qui nous avait fait marcher au vrai sens du terme.

Les contes enfantins sont devenus des fake news pour adultes. Tant de maladies nous guettent, tapies au fond de nos smartphones. Et il n’y a même plus besoin de marcher pour aller en vérifier l’existence.

Dangers de la vie et prodigalité des maladies.

Références