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Requins, platanes ou bolides

jeudi 1 août 2013

Les requins sont les plus redoutés des carnivores marins, et ils sont en très bonne place, avec le lion et le loup, dans le bestiaire de nos fantasmes.

Incontestablement, les requins attaquent parfois l’homme, même en dehors des studios d’Hollywood. Le requin bouledogue à La Réunion, et le requin blanc en Australie, sont les plus meurtriers.

L’homme ne fait pas partie de leurs proies habituelles ; ils n’aiment pas sa chair et craignent sa présence. Parfois, ils ne le reconnaissent pas, car il est bizarrement affublé d’un surf ou autre artifice inconnu. Ils pratiquent alors une morsure dite « d’exploration », pour savoir si cette « nouvelle » proie peut être intéressante. Hélas, la morsure d’un requin, même si elle n’est réalisée qu’à titre de « curiosité », peut être mortelle pour le surfeur.

Le record annuel est de 80 attaques, dont cinq mortelles, pour trente millions de surfeurs dans le monde. La létalité est une valeur relative qui indique le risque de mort d’une pratique ou d’une maladie donnée. La létalité annuelle du requin/surf est donc inférieure à 0,00002%.

Depuis quelques années, la pratique de la Formule 1 est devenue beaucoup moins dangereuse. De dix morts par an dans les années 1970, nous sommes passés à deux par an dans les années 2000, et à un tous les cinq ans aujourd’hui.

Il y a environ une centaine de pilotes dans le monde. La létalité de la Formule 1 est donc dix-mille fois plus élevée que celle du surf/requin (0,2%).

Le drame médiatisé de chaque nouvelle mort interpelle et oblige les décideurs.

Certains ont songé à éliminer tous les requins pour protéger les surfeurs, comme d’autres avaient envisagé de couper tous les platanes pour répondre à la grogne des motards venant s’y fracasser par centaines.

En raisonnant en termes de mortalité absolue, il faudrait éliminer, dans l’ordre : les motos, les platanes, puis les requins, et enfin les bolides de Formule 1.

Si l’on considère la létalité, il faudrait éliminer, dans l’ordre : les motos, les bolides, les platanes, puis les requins.

Dans une société complexe, nul politique n’oserait proposer la suppression des motos et de la Formule 1. Ce n’est pas une raison pour pratiquer une démagogie vengeresse sur les platanes et les requins.

La seule règle valable reste la « règle d’or », celle que l’on appliquerait à soi et à ses proches. Que conseillerait-on plutôt à ses enfants ? Pour ma part, j’ai choisi : ce serait le surf. Ce choix est forcément le meilleur puisqu’il a le rare avantage de faire coïncider des pressentiments avec des données épidémiologiques.