Archive pour le mot-clef ‘obligation vaccinale’

Vaccinations sanitaires et marchandes

samedi 12 mars 2016

Pendant très longtemps, le commerce des vaccins n’a pas répondu aux règles du marché. C’étaient les institutions scientifiques, tel que l’institut Pasteur, et les ministères qui décidaient de l’utilité d’un vaccin, de sa fabrication, de sa promotion et de sa diffusion. Les marchands s’intéressaient peu à ces produits d’intérêt public, dont l’environnement administratif et le caractère parfois obligatoire rendaient la marge nulle ou dérisoire. Ce n’est pas un hasard si l’Europe, berceau de la santé publique, fabrique encore aujourd’hui 90% des 4 milliards de doses de vaccins vendus chaque année dans le monde, alors que les USA, berceau de la santé marchande, entrent tardivement sur ce marché.

Cette entrée est cependant remarquable, puisque le vaccin anti-pneumo, dont l’intérêt public est certain, mais modeste, appartenant au seul laboratoire américain du secteur, est devenu en quelques années le leader en termes de chiffre d’affaires. Introduisant ainsi dans le marché vaccinal, la loi générale du marché sanitaire qu’est le rapport inverse entre prix de vente et intérêt public.

Ce marché vaccinal, qui ne représente que 3% du marché pharmaceutique mondial, est attractif par sa belle progression, puisqu’il est passé de 10 milliards d’euros en 2007 à 20 milliards en 2012, et à 40 en 2015.

Sur le milliard d’euros des vaccins remboursables vendus en France, 65%  sont obligatoires, et 35% sont représentés par les deux vaccins (anti-pneumo et anti HPV) dont le ministère public n’a été qu’un promoteur secondaire ou sous influence. Ainsi le pays de Pasteur risque de perdre son leadership, tant moral qu’économique – espérons que les deux soient encore liés en médecine –, s’il laisse aussi ouvertement le facteur marchand déborder le facteur sanitaire dans ce domaine très particulier de la vaccination.

Les vaccins sont, à ce jour, les seuls vrais médicaments de prévention primaire, ils sont le plus beau succès de toute l’histoire de la médecine. Leurs résultats épidémiologiques sont limpides, puisque pour certains d’entre eux, la maladie concernée a fini par disparaître.

L’obligation vaccinale initiale historique, basée sur l’intérêt public, se révèle aujourd’hui être une erreur pour ce même intérêt public ; on peut cependant la supprimer sans risque en éduquant les citoyens à la responsabilité sanitaire individuelle et civile. Les chiffres confirment qu’un vaccin non obligatoire peut atteindre 90% de couverture vaccinale, et que le caractère obligatoire n’arrive jamais à faire dépasser ce pourcentage.

Mais, dans le domaine vaccinal, laisser s’aggraver la confusion entre santé publique et santé marchande serait une erreur beaucoup plus grave qui détournerait encore plus de citoyens des vaccins indispensables que n’en détournent aujourd’hui les sectes anti-vaccinales.

Références

Faut-il abandonner les obligations vaccinales ?

lundi 25 août 2014

L’État français vient d’être condamné à verser une indemnisation de 2 400 000 € à une infirmière ayant développé une sclérose en plaques peu après une vaccination contre l’hépatite B.

Ce triste record révèle la faille entre justice et science et oblige à réfléchir à la communication vaccinale. Etant admises l’efficacité de la majorité des vaccins sur la santé publique et leur balance bénéfices/risques très positive, le but est d’obtenir la meilleure couverture vaccinale de la population. La question se pose avec plus d’acuité pour les nouveaux vaccins auxquels manque logiquement la preuve épidémiologique, quelles que soient les preuves initiales d’efficacité.

L’obligation vaccinale et la « propagande abusive » sont rejetées avec le même fanatisme par les lobbys anti-vaccins, lesquels n’auraient pas vu le jour sans l’erreur politique initiale de l’obligation. Mais on ne peut ni juger ni réécrire l’Histoire.

Les taux de couverture semblent indépendants du caractère obligatoire et dépassent rarement 90%, quelle que soit la propagande. Lorsque l’incidence des maladies était élevée, la crainte suffisait à promouvoir les vaccinations. Dans les années 1950, les parents se sont rués sur le vaccin antipolio, car ils connaissaient tous un enfant atteint. La vaccination est victime de son succès, car les maladies concernées sont devenues moins visibles, donc moins anxiogènes.

L’intense promotion du vaccin contre l’hépatite B, maladie encore fréquente en 1994, a entraîné une couverture de 70% en moins d’un an. Ce record absolu a permis aux lobbys d’établir plus de corrélations entre les poussées de sclérose en plaques et le vaccin, car plus l’on vaccine de personnes en un temps bref, plus il est facile de découvrir de corrélations fantaisistes.

Pour des vaccins tels que ceux contre papillomavirus ou rotavirus, la publicité est inutile, car l’épidémiologie de ces maladies n’étant pas explosive, une mise en place très progressive suffit ; pire, une promotion abusive devient contre-productive pour d’autres vaccins indispensables.

Curieusement, dans nos démocraties libérales, les obligations sont plus mal vécues que les prohibitions. Les interdictions de fumer suscitent moins de réticence que la mémorable propagande du vaccin H1N1. L’obligation de la ceinture de sécurité a subi plus d’opposition que les limitations de vitesse.

Les médecins utilisent souvent le civisme pour convaincre les plus réticents : on se vaccine autant pour soi que pour les autres.

Comment stopper la baisse des couvertures vaccinales en France ? Une communication raisonnable, une individualisation par les praticiens, l’encouragement au civisme et une information éclairée non catastrophiste sont certainement les meilleurs moyens. On peut y ajouter sereinement l’arrêt des obligations, y compris pour les professionnels, plus à même d’évaluer les risques réels.

La suppression de toute obligation vaccinale serait bénéfique en diminuant fortement le pouvoir de nuisance des lobbys.

Références