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Histoire simple des médicaments anti-obésité

mardi 6 janvier 2015

Le Mysimba® vient d’obtenir son autorisation de mise sur le marché en Europe. Ce médicament contient un anti-opiacé, le naltrexone et un antidépresseur amphétaminique, le bupropion, deux molécules toxiques utilisées dans diverses cures de sevrage avec de bien maigres résultats.

L’obésité est l’unique indication de ce nouveau médicament, avec les mises en garde d’usage, toutes politiquement correctes.

L’histoire des médicaments anti-obésité est d’une extraordinaire simplicité. Aucun n’a jamais eu le moindre effet thérapeutique, l’épidémie d’obésité n’a fait qu’empirer depuis la première tentative de régler ce problème sanitaire par la pharmacologie. Toutes les molécules ont été retirées du marché en raison de leur toxicité, même lorsque la pharmacovigilance était quasi inexistante. Les petites améliorations de la pharmacovigilance ont permis de raccourcir le délai entre commercialisation et interdiction, passant d’une vingtaine d’années, pour les premiers, à moins de cinq ans, pour les derniers.

Pléthoryl®, Isoméride® et Pondéral®, trois amphétamines (comme le bupropion de Mysimba®) ont été retirées du marché entre 1988 et 1997. Triacana®, à base d’extraits thyroïdiens a été interdit en 2004, le rimonabant (Acomplia®) en 2008, la sibutramine (Sibutral®) et le Médiator®, dernière amphétamine célébrissime, en 2010. L’orlistat (Alli®) a été retiré par son fabricant, tandis que la forme Xenical® est en cours d’abandon en raison d’un rapport bénéfice/risque négatif.

Pour tous ces médicaments, sans exception, les mises en garde, indications et précautions d’usage n’ont jamais été respectées, multipliant le nombre d’accidents et aggravant la négativité de la balance bénéfices/risques.

L’enseignement à tirer d’une telle saga est sans équivoque : aucun comprimé ne peut régler le problème de l’obésité dont les causes environnementales sont d’une extrême complexité.

Les ministères de la santé n’ont pas su tirer cet enseignement qu’aucune étude ne pourra jamais contredire. Il ne fait aucun doute que ce nouveau produit sera retiré du marché après avoir apporté plus de désagréments que de bénéfices.

Alors pourquoi  une telle autorisation ?

La réponse est encore plus simple. Parce que le nombre de clients potentiels dans le monde est évalué entre un et deux milliards. Même avec seulement cinq ans d’autorisation de vente, le bénéfice escompté permet un lobbying capable de flouter tous les conflits d’intérêts.

Les ministères de la santé n’ont pas pour vocation de protéger les obèses, enfants fragiles de notre misérable abondance.

Empiler le marché pharmaceutique sur le marché agro-alimentaire pourrait être une excuse acceptable si la richesse induite diminuait la misère de cette fragile et captive clientèle, mais là aussi, hélas, le marché pharmaceutique et les ministères de la santé ont échoué.

Références