Pollution et fécondité

La bibliographie concernant les preuves de l’influence néfaste des pesticides sur la spermatogenèse, la fertilité masculine et la fécondité des couples, est déjà volumineuse. Les perturbateurs endocriniens ont un effet délétère sur les organes génitaux des descendants sur plusieurs générations. Cette connaissance solidement acquise ne modifie guère l’usage de ces produits. Le plus étonnant est qu’elle ne semble pas ébranler le principe même de leur utilisation ; un nouveau produit en détrône un autre, laissant supposer que l’on espère toujours découvrir d’incohérents produits susceptibles de détruire la vie végétale sans affecter la vie animale et humaine.

Il nous était plus difficile de prévoir que la pollution aux particules fines (PM2,5 et PM10) aurait aussi un jour un effet dramatique sur la reproduction en augmentant les avortements spontanés, la mortalité néonatale et la prématurité. On constate une nette diminution du poids de naissance sous l’effet des PM10, mais aussi sur d’autres polluants tels SO2, O3, CO et benzène. La corrélation inverse entre trafic routier et poids de naissance est significative. Les métaux lourds ont des effets similaires sur les avortements spontanés, la prématurité, la mortalité néonatale et l’hypotrophie fœtale.

Les détracteurs des écologistes se réjouiront d’apprendre que ces polluants ne sont pas la principale cause de la baisse de fécondité dans nos pays développés. En effet, la première cause est d’ordre social : c’est l’âge de plus en plus avancé de la première grossesse. Malgré tous nos progrès, nous n’avons pas su modifier la période optimale de fertilité qui reste située entre 18 et 36 ans, tant pour les hommes que pour les femmes, avec un pic à 24 ans. La nature préfère obstinément les jeunes gamètes.

Le phénomène est bien connu dans tous les pays : la croissance économique est toujours accompagnée d’une baisse de la natalité. Lorsque la Chine était pauvre, elle imposait autoritairement l’enfant unique, maintenant qu’elle s’enrichit, elle encourage la natalité. Contrairement aux autres espèces où la disponibilité des ressources détermine la démographie, dans la nôtre, il apparaît que la prospérité ne peut être simultanément économique et démographique.

L’immigration est alors la meilleure solution pour l’avenir démographique des pays où l’infécondité est sociale. Cependant, avec la mondialisation des nuisances, on peut redouter une internationalisation de l’infécondité. Ce qui serait assez préoccupant pour notre espèce.

Les théories catastrophistes en géologie et biologie ont été démenties par Lyell et Darwin. On peut raisonnablement penser qu’elles ne seront pas plus pertinentes en écologie. La vie et la planète subsisteront, les nuisances d’Homo sapiens ne sont catastrophiques que pour lui-même. Il s’agit d’un équilibre de type proie/prédateur particulier puisque la même espèce y joue les deux rôles.

Bibliographie

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