Circoncision et SIDA

Nous ne connaissons pas la lointaine origine de la circoncision, car le pénis ne laisse aucune trace fossile. Nous sommes certains qu’elle a au moins 5000 ans puisqu’on la décèle sur des momies et des bas-reliefs égyptiens. Elle est certainement plus ancienne, car la bible mentionne par deux fois sa pratique avec un silex, alors que les outils tranchants en métal étaient utilisés depuis longtemps. Nos lointains ancêtres devaient avoir des audaces chirurgicales si l’on en juge par les trous de trépanation découverts sur des crânes du mésolithique. La circoncision devait leur paraître aussi banale que l’incision d’un abcès, et sa pratique devait être exclusivement curative. La première hypothèse qui vient à l’esprit est l’accumulation de smegma sous le prépuce des jeunes garçons, prévention naturelle contre le phimosis, pouvant cependant provoquer des infections en cas de mauvaise hygiène.

L’extension de la circoncision a plusieurs explications dans le temps et l’espace : acte d’hygiène préventive, rituel de la puberté, initiation au mariage, acte magique contre la stérilité, et autres interprétations historiennes toutes crédibles.

La première mention de l’aspect rituel d’ordre religieux apparaît évidemment dans la Genèse avec les mots sans équivoque de Dieu à Abraham « Voici l’obligation que j’impose à toi et tes descendants : quiconque de sexe masculin devra être circoncis. Votre circoncision sera le signe de l’alliance établie entre vous et moi.  Quant à l’homme non circoncis, il sera exclu du peuple pour n’avoir pas respecté les obligations de mon alliance. » Il ne s’agissait manifestement plus d’une bagatelle d’ordre hygiénique. On ne plaisante pas avec les rites, ils effacent les traces d’hygiène aussi sûrement que le cheval d’Attila efface les traces d’herbe.

L’hygiène a pourtant fait une réapparition tapageuse dans les années 2000 avec des études montrant que la circoncision diminuait la transmission du SIDA. Circoncision et SIDA : deux mots si lourds de troubles évocations qu’ils ne pouvaient que déchaîner les médias et les polémistes. Après une décennie de publications contradictoires, le débat fut clos. La circoncision ne diminue pas le risque de transmission des infections sexuelles, elle limite cependant la transmission du SIDA aux femmes dont le partenaire est atteint. Les raisons en sont encore imprécises.

Cela ne suffit pas à prétexter l’hygiène pour étendre le rite à tous les nouveau-nés. Même si plusieurs rites religieux, jeûne du ramadan, maigre du vendredi, refus du porc, ont une origine d’ordre hygiénique, il serait hasardeux de vouloir remélanger les rites et la science avec des sauces plus modernes. Je redoute toujours les abus dans les deux camps.

Rendons les évocations aux évocateurs, les rites aux religieux et la science aux chercheurs.

Références

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