Stress et cancer

On dit qu’un évènement est traumatisant, stressant ou stresseur quand il déclenche un ensemble de réactions physiologiques rassemblées sous le terme général de stress. Ces réactions sont généralement assez brèves, mais peuvent avoir des répercussions dont la durée dépend de plusieurs facteurs dont deux sont très importants : la précocité et l’intensité. Nous savons tous que les traumatismes de l’enfance entraînent des troubles psychologiques qui peuvent durer très longtemps. Chez l’adulte, la violence d’un traumatisme peut provoquer un long syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Le stress est également connu pour déclencher des coronaropathies, des ulcères, de l’urticaire, des troubles musculo-tendineux, des lombalgies et nombre de troubles somatomorphes.

Une question se pose régulièrement sur sa possible relation avec les cancers. La plupart des études concluent à l’absence de lien. Ce qui semble logique, puisque le stress agissant principalement sur le système nerveux autonome, on voit mal comment il pourrait agir sur les mutations des divisions cellulaires. Pour le très fréquent cancer du sein, par exemple, on n’a pas réussi à établir de lien.

Néanmoins, ces études constatent deux faits cliniquement intéressants. D’une part, le diagnostic de cancer est lui-même un stresseur à l’origine de plusieurs troubles psychologiques et cognitifs qui vont à leur tour influencer défavorablement l’évolution de la maladie. D’autre part, les personnes plus anxieuses se soumettent plus volontiers au dépistage et reçoivent donc plus souvent ce diagnostic qui vient majorer leur anxiété. Il apparait que le dépistage et le diagnostic précoce augmentent le nombre de diagnostic chez les personnes vulnérables au stress et créent un cercle vicieux de contrôles qui finit par dégrader la vie plus que le cancer lui-même. La mortalité cardiovasculaire est multipliée par 6 et le suicide par 12 dans la semaine qui suit un diagnostic de cancer.  

On a longtemps cru que les schizophrènes avaient moins de cancers, la réalité est que la gravité de leurs symptômes ne leur offre pas l’opportunité de la cancérophobie, et que leur moindre durée de vie leur laisse moins de temps pour les dépistages et les diagnostics.  

Si les personnes anxieuses ou stressées semblent avoir plus de cancer, ce n’est pas par un mécanisme physiopathologique intime, mais par un accès plus compulsif à la médecine et au dépistage. Le conseil le plus sensé à leur donner est de ne pas abuser des dépistages et diagnostics précoces, et d’attendre sagement qu’un cancer se manifeste sans équivoque. Le pronostic sera peut-être meilleur, car les thérapeutiques se sont améliorées et que leur stress sera plus tardif, donc moins délétère sur le déroulement de la maladie. CQFD

On pourrait faire la même recommandation aux personnes moins anxieuses, mais c’est probablement inutile, car elles savent déjà qu’il est préférable d’attendre qu’un cancer soit clinique pour commencer à s’en tourmenter.

Références

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