Cannabis thérapeutique pour tous

Il y a plus de trente ans, certains patients atteints de sclérose en plaques avaient constaté l’action favorable du cannabis sur leurs douleurs neuropathiques et leur spasticité. Ils ont alors modifié leur consommation pour passer d’un usage récréatif à un usage thérapeutique.

De là à supposer une action sur d’autres douleurs pour d’autres types de patients et de maladies, il y avait un fossé que les études n’ont pas comblé, mais l’idée était dans l’air. Combiner l’illégalité et les dangers du haschich avec l’éthique du soin avait de quoi exciter les commentateurs et déranger les législateurs.

Le processus habituel s’est alors enclenché. Le scenario en est classique, tous les cercles vicieux s’intriquent inexorablement : l’embarras des législateur catalyse l’excitation des commentateurs, l’hésitation des cliniciens majore les douleurs des patients, la prudence des politiques fédère toutes les impatiences. Quant aux marchands, ils n’ont besoin ni de complotistes, ni de lobbyistes, la démagogie sanitaire suffit – comment négliger la moindre douleur ? – Plus prosaïquement ils attendent la fusion entre l’énorme marché du cannabis et le colossal marché de la douleur.

Depuis environ 5 ans, malgré quelques polémiques, les lois s’assouplissent au rythme de l’essoufflement des législateurs, et chacun comprend que le cannabis thérapeutique va se banaliser. De grands financiers, producteurs de cinémas ou autres viticulteurs ont déjà investi dans des hectares de cette herbe prometteuse.

Les résultats concluants des effets du cannabis sur la douleur chronique se font toujours attendre, par contre, nous connaissons très bien son rôle dans le déclenchement et l’aggravation des psychoses. Nous connaissons les effets néfastes de la marijuana en cours de grossesse sur le nouveau-né et ensuite sur l’allaitement. Nous mesurons ses effets délétères sur le QI.

L’histoire va donc se répéter, la médecine en est coutumière, cela s’appelle « l’extension des indications », transformant un rapport bénéfices/risques éventuellement positif pour quelques individus en un rapport négatif pour la santé publique. La morphine était classiquement réservée aux agonisants et aux douleurs du cancer, son extension à des douleurs banales a provoqué la plus grosse catastrophe sanitaire de l’histoire moderne. Le cannabis, jadis utilisé par quelques patients hardis souffrant de sclérose en plaques, va devenir le nouvel antalgique à la mode.

Et les médecins dans tout cela ? Leur position est ambiguë, les souffrances  physiques et morales sont l’essentiel de leur gagne-pain, mais leur échec en ce domaine est patent. Ils se partagent cependant en deux camps. La majorité est silencieuse, elle a consenti passivement à la grande fabrique des addictions : barbituriques, benzodiazépines, ISRS, opiacés, et maintenant cannabis. La minorité résiste toujours un peu au début, mais nul ne peut échapper à la modernité.

Références

Un commentaire sur “Cannabis thérapeutique pour tous”

  1. marie josephe dzula dit :

    je partage ce que vous dîtes et je rappelle souvent la définition de la douleur et je fais en sorte que mort ne rime pas avec morphine et hypnovel

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