De la sympathie à l’homéopathie

Paracelse était un médecin entreprenant et fantaisiste. Sa théorie des signatures stipulait que la forme et la couleur des plantes indiquaient leur action : des feuilles en forme de cœur soignent le cœur et des fleurs jaunes soignent la jaunisse. Sa plus truculente invention est la « poudre de sympathie » composée d’une base d’huile de lin, de térébenthine, de vin rouge et de vitriol calciné, à laquelle il avait ajouté plusieurs ingrédients tels que de la mousse prélevée sur le crâne des cadavres, de la poudre de momie, de la cervelle de sanglier, des vers rôtis et du bois de santal.

Il s’imposait cependant par son charisme et reste considéré aujourd’hui comme celui qui a introduit la chimie en thérapeutique.

Sa poudre de sympathie a été largement utilisée aux XVI° et XVII° siècles pour guérir les plaies et aucun des grands noms de la médecine de cette époque n’en contestait ou n’osait en contester l’efficacité. Corneille et madame de Sévigné avaient personnellement témoigné des effets miraculeux de cette poudre sur eux-mêmes : « source de vie » pour l’un et « remède divin » pour l’autre.

Elle fut pourtant l’objet d’une vive polémique de 150 ans, non pas sur son efficacité, mais sur son mécanisme d’action. Cette poudre agissait à distance du patient, il suffisait de la déposer sur l’arme qui avait provoqué la blessure. Surnommé «onguent armaire», elle agissait aussi lorsqu’on la déposait sur un mouchoir ou un bâton ayant touché la plaie. 

Diverses théories savantes s’affrontaient. Vertu attractive causée par les astres et attirée sur la plaie par la médiation de l’air. Intercession du magnétisme animal. Enchaînement des chocs d’une matière atomisée entre l’arme et le patient. Ou encore, courant d’air entre des atomes de lumière et les atomes du sang, permettant aux esprits vitrioliques de s’installer dans tous les recoins de la plaie.

Ces conceptions mécanistes de la nature permettaient aux médecins d’utiliser la poudre de sympathie de façon licite sans être accusés de magie noire par les « sots » et les « ignorants ».

La polémique autour des mécanismes d’action de l’homéopathie dure depuis plus de cent ans et semble promise à une plus grande longévité. Après l’abandon de la « mémoire de l’eau », c’est aujourd’hui le remboursement de ces médicaments qui fait l’objet d’un vif débat.

Passer d’une approche magique ou mécanistique à une approche financière est assez révélateur de notre époque. Indépendamment de leurs théories explicatives et de leur efficacité clinique, ce sont aujourd’hui les médicaments les plus chers et les mieux remboursés qui jouissent de la plus forte adhésion et du meilleur ratio de suggestibilité.

Les dieux et la magie ont changé d’assise et de nature.

Références 

https://lucperino.com/622/de-la-sympathie-a-l-homeopathie.html

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3 commentaires sur “De la sympathie à l’homéopathie”

  1. marie jo dzula dit :

    la médecine est devenue un commerce mais nous en sommes responsables, on médicalise tout et rien

  2. Bour Jean-Claude dit :

    Tres tres bon article
    Le meilleur placebo est l empathie du medecin
    Relire ou lire Balint

  3. BRIGITTE LE BARZ dit :

    BNonjour,
    Je suis pharmacien. J’ai toussé pendant quatre ans, j’ai pris du bécotide, de la ventoline, du Wistam, du Mopral, du sirop néo-codion, du bronchocod… Au bout de quatre ans, je suis allée voir une homéopathe, (recommandée par mon généraliste !!!) qui m’a donné un traietment pour trois mois, j’ai cessé de tousser en une semaine, je ne tousse plus depuis deux ans…. (belle économie pour la sécu). Mon mari, plein d’eczéma, trois cures à Saint Getrvais qui ont amélioré mais non guéri, a décidé d’aller la voir. Résultat époustouflant… (re-économie de la Sécu).
    Rien à ajouter…

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