Dépression : un traitement n’est pas un diagnostic

Une étude vient de conclure à l’efficacité des antidépresseurs dans la dépression. Il s’agit d’une méta-analyse dont le principe consiste à relire les résultats des essais cliniques les plus sérieux pour en globaliser les résultats en éliminant tous les biais possibles d’analyse et d’interprétation. C’est actuellement le plus haut niveau de preuve existant. Chaque médecin doit donc en tenir compte dans sa pratique.

Certains pourraient s’étonner que l’on cherche encore à prouver l’efficacité des antidépresseurs, plus de cinquante ans après leur découverte. Il faut au contraire se féliciter de ce dynamisme de la pharmacologie clinique. D’autres pourraient s’étonner de découvrir de précédentes méta-analyses arrivant à des conclusions inverses. Mais, comme toute science, les méta-analyses sont toujours perfectibles. La critique la plus acceptable est celle d’une médiatisation toujours supérieure des études positives, mais ce classique et incorrigible défaut ne change rien à la réalité clinique, même s’il modifie la perception des médecins et des patients.

Mais dans le sujet très sensible de la dépression, c’est ailleurs qu’il faut développer notre esprit critique.

Les deux grands domaines de la médecine sont le diagnostic et le soin. Le premier étant l’exclusivité des médecins, le second étant partagé avec les pharmacologues, les thérapeutes officiels et officieux et tous les proches. Dans le paradigme actuel de la « médecine basée sur les preuves », la preuve doit concerner les deux domaines : diagnostic et soin. En effet, un résultat clinique ne pourra jamais constituer une preuve si le diagnostic initial est erroné.

Les patients sélectionnés par cette analyse étaient atteints de dépression unipolaire sévère, autrefois appelée mélancolie. Cette grave maladie est heureusement assez rare. L’étude confirme avec raison que la plupart des antidépresseurs s’y révèlent plus efficaces que les placebos.

Le reproche que l’on peut faire, non pas à l’étude, mais à son excessive médiatisation, est que le terme de « dépression » a des significations très différentes pour les spécialistes, les pharmacologues, les praticiens et le public. De nombreux diagnostics de dépression sont erronés. Les antidépresseurs sont inefficaces et addictogènes dans les dépressions bénignes, et ils sont dangereux dans les dépressions de la maladie bipolaire.

Voilà donc une étude qu’il eut mieux valu ne pas mettre entre toutes les mains. Car les différentes et multiples dépressions sont encore très loin d’avoir atteint une stabilité diagnostique dans le monde médical. Certains patients pourraient être déviés vers des traitements efficaces au prétexte qu’ils existent, bien que leur dépression soit hors-sujet.

C’est un peu comme si l’on vantait la qualité de l’oxygène dans un service de réanimation dépourvu d’assistance respiratoire.

Références

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2 commentaires sur “Dépression : un traitement n’est pas un diagnostic”

  1. GAUTIER dit :

    Vous avez raison sur l’extension abusive du diagnostic de dépression qui rejoint ma réaction sur la chasse anti-confraternelle aux MEP. Sur le fond, la diffamation en toute impunité des médecins homéopathes par des confrères me choque. Sur la forme, la pauvreté du discours est consternante: ce qui n’est pas prouvé n’existe pas ! A la poubelle tous les croyants de la terre.
    Au centre, le soin: Soigner n’est pas seulement ordonner mais prescrire avec bienveillance et discernement. Quand je soigne que crois, j’espère que mon patient guérira ou ira mieux. Il m’est arrivé de prier sans croire en Dieu.
    La foi des pétitionnaires sur le tout pouvoir du médicament frise l’idolâtrie. Quelles disciplines, quels confrères seront diffamés après les homéopathes? Qui l’Ordre veut il mettre en garde, les injuriés ou les injurieurs protégés? A ce décompte là, il faut aussi interdire les psychiatres dont aucune preuve ne vient étayer les prises en charge, si ce n’est l’amélioration de la qualité de vie des patients.
    Le dogme de la preuve éradique allègrement la relation dans le triangle thérapeutique médecin-malades-médicaments.
    Les antidépresseurs sont prescrits larga manu par les généralistes. Une pléthore d’études (JAMA, LANCET etc.) démontre qu’ils ne font pas mieux que les placebo dans les dépressions légères et modérées, c’est à dire la quasi totalité des dépressions. En revanche, les nombreux effets secondaires des ATD sont mal supportés.
    Pour avoir prescrit pendant des années, des antidépresseurs et /ou l’homéopathie selon l’état clinique des patients et leur demande, j’ai constaté des améliorations plus rapides et durables avec l’homéopathie. Le succès d’une prise en charge est plurifactorielle. Il n’y a pas de médicament magique mais des relations magiques… ou presque!
    La force symboligène et métaphorique du médicament homéopathique renforce que son action biologique de même que la relation et la façon dont on prescrit. Ce cette action biologique ne soit pas à ce jour prouvée ne retire rien au réusultats positifs. si une poignée de stakhanovistes se montent incapables de comprendre la dimension psychique dans le soins, à défaut de dangereux c’est inquiétant pour les patients et pour la Médecine, art et science.
    l’ « evidence base » et la toute puissance de la science médicale dérive vers la doctrine. Comment ignorer les verses et controverses qui émaillent la médecine, les catastrophes iatrogéniques et les erreurs médicales? Combien de de décès sont-ils imputables aux médecins homéopathes? Aucun. Mais 60% de la population est confiante et reconnaissante. Les médecins pétitionnaires leur renvoient une image de naïfs, d’illuminés, embrigadés par leur médecin charlatan. En toute impunité.
    J’ai dit.
    Dr Isabelle GAUTIER Psychiatre PARIS

  2. belin gilles dit :

    c’est dit! et bien dit !!!!Pétitionnaires , enlevez vos oeillères .Dans la médecine technique ,technocratique qui se prépare ,que restera-t-il du colloque singulier ,fondement d’un diagnostic et du traitement d’un malade et non d’une maladie

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