Des médecines parallèles à la médecine intégrative

Auparavant, on nommait « parallèles », ces médecines qui soignaient leurs patients avec des traitements non reconnus par la faculté ou n’ayant pas fait l’objet d’essais cliniques validés par la science. Selon les postulats de la géométrie euclidienne, les parallèles n’ont aucune chance de se rencontrer.  Ni ces médecines, ni la médecine académique ne tentèrent donc jamais le moindre rapprochement, sémantiquement impossible. Deux mondes hermétiques.

Puis, ces médecines ont été nommées « alternatives ». C’était moins rédhibitoire, cela laissait au patient des choix alternatifs. Liberté d’alterner d’une médecine à l’autre en fonction des situations cliniques rencontrées. Les patients consultaient l’académie pour leurs certitudes morbides et côtoyaient les alternatives pour leurs doutes. Ils prenaient garde à ménager la susceptibilité de chacun des praticiens, afin de n’être abandonné, ni de celui qui auscultait le cœur ni de celui qui l’écoutait.

Par la suite, on a utilisé le terme de médecines « complémentaires ». Signifiant clairement au patient qu’il pouvait utiliser les différentes pratiques à sa guise, sans avoir à les dissimuler à aucun des praticiens. La seule condition étant de respecter une hiérarchie tacite entre le fondamental et le complémentaire. L’Université condescendait à ces pratiques dans l’intérêt du patient, à défaut de savoir ou de vouloir les appréhender dans l’intérêt de la science.

Mais toutes ces révisions terminologiques, n’ont pas comblé le fossé. Nul ne sait pourquoi la médecine basée sur les preuves est aussi souvent en échec, même lorsqu’elle applique des protocoles confirmés par la preuve. On ne sait pas davantage pourquoi les pratiques intuitives et empathiques sont aussi souvent efficaces, indépendamment de toute preuve. Et cela dans tous types de pathologie, des plus banales aux plus redoutables.

L’ampleur de la variabilité individuelle dans notre espèce dépasse tout ce que les sciences biomédicales peuvent découvrir par l’expérimentation. Des thérapeutiques probabilistes basées sur des études populationnelles ne seront bénéfiques qu’à 20% ou 30% des patients, alors que diverses méthodes d’autosuggestion seront tout aussi bénéfiques aux mêmes pourcentages. Nombreux sont ceux qui reconnaissent désormais cette réalité et pensent qu’il ne faut priver les patients d’aucune opportunité, même si la rationalité  n’est pas au rendez-vous.

C’est pourquoi, le nouveau terme est celui de médecine « intégrative », avec l’idée sous-jacente d’un patient global auquel il faut accorder la globalité du raisonnable et de l’intuitif. Une médecine qui tapote la main du patient et une qui fait la ponction veineuse. Une médecine qui pleure et une médecine qui saigne.

L’intégration sera complète, et ne nécessitera plus de nouveaux termes, lorsque chacun acceptera les impératifs nécessairement obtus des articles scientifiques et lorsque les universitaires en écriront moins pour laisser plus de temps au tapotage de main.

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Un commentaire sur “Des médecines parallèles à la médecine intégrative”

  1. Moreau dit :

    « On ne sait pas davantage pourquoi les pratiques intuitives et empathiques sont aussi souvent efficaces, indépendamment de toute preuve. Et cela dans tous types de pathologie, des plus banales aux plus redoutables. »
    Souvent efficaces ? Y compris dans les pathologies les plus redoutables ? Vos preuves ? Vos sources SVP, merci.

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