Orlistat au Gabon

Une fois de plus, on découvre que les effets secondaires d’un médicament ont été dissimulés avant même sa mise sur le marché, et que la dissimulation a continué pendant des années, malgré les évidences cliniques du rapport bénéfices/risques négatif.

Une fois de plus, il s’agit d’un médicament contre l’obésité. Pourtant, dans ce domaine, la vigilance devrait être particulièrement élevée, puisqu’à ce jour, malgré un siècle de tentatives de l’industrie pour soulever ce marché prometteur, pas une seule molécule n’a montré de rapport bénéfices/risques favorable, et tous les médicaments ont fait l’objet de scandale ou de retrait du marché.

Avant de fustiger la désinvolture des autorités, il faut comprendre que celles-ci ne font qu’appliquer la loi. Cette loi exige des essais cliniques avant autorisation et si les résultats sont favorables, les ministères ne peuvent pas s’opposer à la commercialisation.

Cette vitrine impeccable cache cependant un problème récurrent. La méthodologie, la conduite, la sélection et la publication de ces essais cliniques sont sous l’entière responsabilité du laboratoire fabricant, car aucun gouvernement ne peut évidemment disposer des moyens logistiques et financiers pour assurer ces tâches.

Certes, cela est valable pour toutes les industries et tous les objets du commerce, mais il y a de grosses différences selon les secteurs. Il est en effet très difficile de vendre un avion qui ne vole pas ou un couteau qui ne coupe pas, alors qu’il est extrêmement facile de vendre un médicament inefficace ou dangereux, en raison de la prépondérance de son contenu immatériel (rêve, espoir, placebo, suggestibilité). Pour réussir, il suffit simplement d’organiser correctement le marketing de cette immatérialité.

Les acquéreurs d’espoir en gélule n’ont pas de raisons d’être moins nombreux que les électeurs qui s’enflamment pour un discours populiste ou ceux, encore plus nombreux, qui accordent quelque crédit à une promesse électorale ou fiscale. Le marketing de l’immatérialité étant beaucoup plus élaboré en politique qu’en pharmacologie.

Ce nouveau scandale pharmaceutique coïncide facétieusement avec l’actualité au Gabon où le clan Bongo conserve le pouvoir depuis un demi-siècle au mépris des règles démocratiques les plus élémentaires. Omar Bongo, père de l’actuel président, s’étonnant de la défaite électorale du président sénégalais en 2000, aurait alors dit avec cynisme pharmacologique et bonhomie politique : « Comment peut-on perdre une élection que l’on organise soi-même ? »

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