Rencontre insolite.

Au cours d’une promenade d’été, j’ai fait la rencontre la plus singulière de ma carrière. C’était au détour d’un sentier, dans un hameau de montagne.

J’ai une vieille habitude de moquer les excès de la médecine, la gabegie des soins, la démagogie de la précaution, les incitations à la dépense par la Sécurité Sociale elle-même, la surenchère des mutuelles dans le catastrophisme, et autres braderies de mon petit fonds de commerce.

Je ne vise personne en particulier, car nous sommes tous des acteurs galopants derrière un marché, loin devant. Mon humour n’y changera rien, et s’il peut en amuser certains, le rire leur sera remède. Voltaire l’avait compris qui avait « décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé ».

Médecins, ministères, laboratoires, tous ont eu droit avec équité à mes sarcasmes ponctués de réflexions. Mais là, je n’ai même pas envie de réfléchir, j’ai juste envie d’une dernière bouffée de rire avant les certificats médicaux de la rentrée, exigés par les assurances pour le sport à l’école.

Les fonctionnaires territoriaux n’étaient pas ma cible préférée, peut-être parce que j’ai parfois apprécié leur aide dans les soins de proximité. Les conseils généraux ont été les grands oubliés de mes sarcasmes, et au moment où j’apprends leur disparition prochaine, je leur dois bien cette reconnaissance tardive. Oui, ils participent comme les autres à la grande accélération des gabegies médico-sanitaires. Oui, dès qu’il s’agit de science biomédicale, ils tombent dans le panneau du catastrophisme avec le même patatras que leurs contemporains fonctionnaires ou marchands.

L’appareil était là, rutilant, exposé aux intempéries, sur le mur de l’une des cinq maisons de ce hameau de moins de dix âmes. Un défibrillateur public destiné à secourir une hypothétique victime de tachyarythmie ventriculaire.

La défibrillation externe pratiquée à l’hôpital, chez des patients sous surveillance intensive, a environ 50% de résultats positifs. Ce pourcentage chute au-dessous de 10% lors des appels d’urgence.

Les défibrillateurs implantables chez des patients à haut risque ont des résultats très modestes, difficiles à évaluer. Quant aux défibrillateurs externes à usage public, la plupart des publications datent du début des années 2000 et ne portent que sur les méthodes d’utilisation ; elles émanaient des fabricants pour convaincre les autorités. Depuis, très peu d’études ont publié des résultats crédibles ; de rares vies seraient sauvées lorsque ces défibrillateurs sont installés dans des lieux à forte fréquentation, tels que gares ou aéroports.

La probabilité pour que ce défibrillateur rural sauve une vie dans le millénaire à venir contient autant de zéros après la virgule qu’il y a d’atomes dans le système solaire…

En redescendant, j’ai croisé un berger édenté qui ne pouvait s’offrir les frais dentaires. Son conseil général ne pourra pas l’aider, car tous les huit ans, il faut remplacer ces défibrillateurs à obsolescence programmée.

Références

Mots-clefs : , ,

2 commentaires sur “Rencontre insolite.”

  1. MARGOLLIET dit :

    Sur le plan de l’utilité concrète et de l’augmentation des chances de survie au moment d’un arrêt cardiaque, ces défibrillateurs ont un intérêt quasi nul.
    Ces défibrillateurs ont pour justification essentielle que l’on puisse dire, après le décès, : »tout à été tenté pour réanimer la victime, jusqu’au défibrillateur ». Tant pis si la tentative de défibrillation a été faite sur un quasi cadavre. Lequel quasi cadavre restera en état de mort cérébrale si, par une « chance » extraordinaire, le coeur repartait. Cela aidera peut-être la famille à mieux « faire son deuil » ; car il est vrai que savoir que tout à été fait aide à accepter la fatalité.
    Car tout est là: l’acceptation de la fatalité qui est de plus en plus difficile pour une opinion abreuvée de prouesses médico-chirurgicales.
    Je pense que la présence de ces défibrillateurs se justifie dans certains lieux: lieux très fréquentés comme il est dit dans le billet de Luc Périno, mais aussi complexes sportifs, lieux ou travaillent des médecins (car il est désolant de voir mourir une personne faute de moyens).
    Mais il ne faut pas oublier que les gens n’ont pas pour habitude de choisir l’endroit où il vont faire leur fibrillation ventriculaire, pile devant le dit-défibrilateur, et que sans un secouriste pratiquant un massage cardiaque correct, le temps pour trouver et amener l’instrument auprès de la victime, les trois minutes fatidiques après lesquelles le cerveau est irrémédiablement détruit seront écoulées.
    Donc secourisme d’abord et défibrillateur ensuite.
    PS: n’ en déplaise à Mr Luc Périno la tachycardie ventriculaire n’ est pas une indication de défibrillation par ce type d’ appareil et de circonstances car la victime est alors consciente et un choc électrique de cette puissance on appelait ça la gégène.

  2. Révérend FR dit :

    Monsieur Perino veut faire passer les technocrates qui nous gouvernent piur des demeurés en employant des calculs faux: en effet le nombre d atome du système solaire c est 10 puissance 56
    Or si le nombre de zéro d une probabilité est de cet ordre , la fraction correspondante s écrirait un sur dix puissance dix puissance 56
    Or en 1000 ans si 10 personnes passent par jour ça fait 10 puissance 6 personnes or chaque année les français font 60000 fibrillations par an
    Sur 68 millions de français
    1 sur 10 puissance 3
    Si on découpe la journée en morceaux de 1 minutes 30 temps de no flow pour survivre aller retour vers le défibrillateur sans masseur associé on constate que le risque de tomber en arrêt cardiorespiratoire chaque millénaire par un promeneur moyen dans la zone est : 3000 promeneurs qui ont une chance sur mille par an font 3 par an ce qui fait 3000 en mille ans divisé par 1000 minutes de jour et 300 periodes de 3 minutes encadrant la localisation du debibrillateur ça fait donc 10 cas soit aucun zéro significatif après la virgule ! On est très tres tres puissance 10 puissance 10 puissance 56 fois loin du résultat avancé sans la moindre preuve par Luc qui fixe donc le prix d une vie sauvée à un sordide calcul sur les économies que ce matériel change tous les 8 ans sauveraient 2000 euros tous les 8 ans pour un sauvetage tous
    les 100 ans 25000 euros !
    Voilà ce que monsieur Perino est prêt à économiser pour ne pas sauver une vie pendant qu il ne s insurge pas lorsqu on dépense des millions pour retrouver quelques cadavres d un accident d avion disparu en mer !

    Bien sur qu un des défibrillateurs de roicy charles de Gaulle a sauvé un de mes patients pas plus tard que l an dernier 3 minutes de no flow 18 minutes de low flow par massage cardiaque 6 chocs et il se porte comme un charme à 40 ans et pour un coût d entretien minime ces défibrillateurs sauvent plusieurs vies par an donc même pas pour 100 euro par cas !
    Et la est le prix que monsieur le grand calculateur d atomes attache à la prolongation d une vie humaine ?
    Comment restructurer les territoires si on fait que ce qui ne coûte rien a quoi bon dépenser d ailleurs l argent puisque le système solaire se charge de ruiner nos efforts au maximum 123 ans plus tard !
    Le propre du progrès humain est de dépenser sans compter pour dépasser ses limites
    Le drame c est quand ceux qui ne savent pas compter commencent à le faire …

Laisser une réponse