Hypertension des personnes âgées

Impudent qui oserait contester un traitement contre l’hypertension chez quelque patient, car les plus prestigieuses revues en ressassent la nécessité. Le nombre de patients hypertendus approche le milliard, et malgré l’abondance des traitements, ce fléau s’aggrave à en croire les propos alarmistes des articles publiés.

Un ministère chargé de l’hypertension, qui aurait investi tant d’argent avec de si piètres résultats, serait assurément supprimé. Inversement, un chef d’entreprise qui aurait parié sur l’expansion illimitée de ce marché, serait félicité et reconduit dans ses fonctions.

Plus un seul médecin n’ose pointer un tel échec, la lecture critique de ces millions d’articles, souvent biaisés, est désormais une tâche impossible. Aucun documentaliste ne peut plus discerner les bénéfices et risques réels de tous ces traitements cumulés et parfois contradictoires.

Bien que nul ne connaisse les chiffres d’une tension idéale, cette culture de l’hypertension fait désormais partie du patrimoine médical, la moindre réfutation est chimérique, malgré l’étrange et grossière augmentation de sa prévalence.

Pourtant, les plus âgés de nos patients devraient être exclus de ce consensus, car tout bon clinicien constate la négativité du rapport bénéfices/risques d’un tel traitement. Tout d’abord, le bon sens permet de récuser d’emblée ce traitement probabiliste chez une personne âgée, car les données confirment le très long terme des bénéfices attendus. Un âge avancé étant la signature de l’absence de risque. Ensuite, tout praticien attentif constate les multiples effets indésirables, sous-estimés dans les publications. Hypotension, chutes, fractures, aggravation du déclin cognitif, fatigue, insuffisance rénale, sont les principaux risques avérés et publiés. L’hypotension due au traitement est la cause la plus fréquente de fatigue des séniors. L’aggravation de la mortalité après 85 ans est bien documentée.

Devant tout symptôme nouveau chez une personne âgée, l’arrêt d’un traitement antihypertenseur s’avère bénéfique à court et moyen terme, et il permet aussi d’éviter de nouveaux examens anxiogènes et inutiles.

Pourquoi cette évidence clinique est-elle aussi peu vulgarisée ? Les coupables sont nombreux : cardiologues qui assimilent jeunes et vieux autour de l’hypertension, fleuron de leur spécialité, généralistes trop timides devant la suprématie cardio-vasculaire, cliniciens bafoués, patients submergés par la médiatisation des artères, chercheurs qui extrapolent, sans discernement, les résultats des essais cliniques à tous les âges de la vie.

Les praticiens, payés à l’acte, n’ont plus la témérité qu’il faut pour affronter la norme, et les vieillards sont souvent ravis de prendre un traitement qui ne discrimine pas l’âge de leurs artères. D’autant plus qu’on a toujours pris la peine de leur expliquer qu’il s’agit d’un traitement à vie…

Le traitement de l’hypertension à un parfum d’éternité…

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