Générations futures des césariennes

Médecins et épidémiologistes avaient constaté depuis longtemps que la naissance par césarienne semblait augmenter le risque de diabète et d’obésité chez l’enfant, et par la suite, chez l’adulte.

Les indications de la césarienne pour raison exclusivement médicale concernent moins de 8% des naissances. En France, depuis 1980, le taux de césariennes est passé de 10% à 24%. Il est de 30% aux Etats-Unis, de 47% en Chine, et dans plusieurs pays, quelques villes ou cliniques affichent des taux de césariennes de 80% !

Il ne suffit pas de constater que la prévalence de l’obésité augmente parallèlement au nombre de césariennes pour affirmer une relation de causalité entre les deux. Une telle affirmation nécessite, d’une part, des études comparatives de population, d’autre part, une explication physiologique rationnelle. Cela est désormais chose faite.

Une première étude vient d’être publiée, à partir d’une banque de données prospective de 1300 nourrissons suivis pendant 10 ans.

Les résultats confirment que le risque d’obésité à l’âge de 12 ans est multiplié par 1,9. Il y a donc presque deux fois plus d’obèses chez les enfants nés par césarienne.

Quant à l’explication physiologique, elle commence à être également bien comprise. L’accouchement par césarienne empêche le nouveau-né d’avoir un contact initial avec la flore de la muqueuse de la filière pelvi-génitale de sa mère (microbiote vaginal). Ce premier contact a d’importantes répercussions sur la constitution de la flore intestinale initiale du nourrisson. Nous savons par ailleurs que le déséquilibre de cette flore, notamment l’inversion du rapport firmicutes/bactéroïdètes est une cause importante d’obésité.

L’épidémie mondiale d’obésité est donc partiellement due à l’augmentation du nombre d’accouchements par césariennes. Il y a évidemment bien d’autres facteurs de risques, mais celui-ci doit être considéré avec attention, car il est l’un des rares, avec l’augmentation de la consommation de sucres, dont la preuve est désormais établie.

Les dérives médicales proviennent souvent de la cupidité des uns ou de l’angoisse des autres, mais elles proviennent plus sûrement d’une méconnaissance de la complexité de l’écosystème que représente notre organisme.

Cette confirmation du risque d’obésité vient s’ajouter à la liste déjà trop longue de risques majorés chez les enfants nés par césarienne : troubles respiratoires, asthme, allergies, diabète de type 1.

À l’heure où le thème des générations futures semble nous préoccuper, il n’est pas vain d’alerter les obstétriciens et les parturientes sur cette dérive des césariennes qui contribue à aggraver la morbidité de nos descendants.

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Un commentaire sur “Générations futures des césariennes”

  1. alzouma dit :

    Dans les pays en voies de developpement l insuffisance de couverture sanitaire augmente le taux de cesarienne.

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