Diabète de type 2 : on continue sans rien changer

Parmi cent articles identiques sur le diabète, j’en choisis un au hasard, récemment inséré dans mon quotidien préféré (sans participation de sa rédaction). Dès les premières lignes, on comprend qu’il s’agit du diabète de type 2 (DT2). L’article précise, avec raison, que l’on ne meurt pas de ce diabète, mais de ses complications. C’est l’occasion de rappeler qu’à la différence du diabète de type 1 (DT1), pathologie gravissime qui tue rapidement les malades laissés sans soins, le DT2  n’est pas une « maladie », mais un « facteur de risque ». On peut s’étonner ici que la médecine manque de rigueur au point de donner le même nom à un facteur de risque non perçu par les patients, et à une maladie mortelle. Seul le numéro change. J’ai parfois lu certains articles de grands médias où le numéro du diabète n’était même pas précisé ! Stupéfiant laxisme qui ne peut guère améliorer le niveau de l’éducation sanitaire.

L’article, commandité par deux industriels, précise le coût sanitaire du DT2 (18 milliards € en France). Ce « facteur de risque » se répand à vive allure, il y a 350 millions de « malades » dans le monde (ce sont en réalité des non-malades à risque de le devenir), et il y en aura le double dans dix ans, d’après les prévisions de l’OMS.

Le décor de la catastrophe sanitaire est ainsi posé par les plus hautes autorités de santé et relayé avec sérieux par ces industriels vigilants. Voyons maintenant quels sont les remèdes proposés par les sponsors de l’article. Il faut « accompagner » ces « patients » en dosant leur sucre, de plus en plus tôt et de plus en plus souvent, en leur suggérant une meilleure hygiène de vie et, surtout, en leur enseignant l’observance thérapeutique pour faire baisser leur glycémie (taux de sucre).

Comme aucun symptôme ni aucun signe clinique ne donne à ces « patients » une idée approximative de leur glycémie, les auteurs « suscitent » l’anxiété en incitant à des dosages répétés pour vérifier que ce taux de sucre se situe bien au-dessous de la norme prédéfinie par la médecine. Tout semble clair et logique : c’est la seule façon d’éradiquer ce véritable fléau mondial…

La lecture est terminée…

Les esprits les plus curieux et les plus éveillés, se demandent alors certainement pourquoi cette méthode, déjà prônée et appliquée depuis plus d’un demi-siècle, n’a pas enrayé la forte progression de l’incidence du DT2, malgré des dépenses faramineuses.

Enfin, comment peut-on, au sein du même article, donner la méthode pour vaincre une « maladie » et annoncer le doublement de son incidence dans les dix ans ?

Les médecins n’auraient-ils donc plus confiance en leurs méthodes, ou se laisseraient-ils trop naïvement dicter leurs articles et leur mode de pensée par les stratèges de la mercatique, sans même prendre la peine d’une relecture attentive de clinicien et d’épidémiologiste ?

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