Saga hypertension

Il y a un demi-siècle, l’hypertension artérielle commençait à 16 pour la systolique et à 10 pour la diastolique. On avait aussi coutume de considérer l’âge : la systolique était trop forte si elle dépassait 10 + le chiffre des dizaines (14 à 40 ans, 16 à 60 ans…). C’était alors la préhistoire de cette entité complexe qu’est l’hypertension.

Puis, un consensus international validé par l’OMS a décrété que l’hypertension artérielle commençait à 14/9, tous âges confondus. La vieillesse n’avait plus de particularité clinique.

Cette pathologie devint alors rapidement épidémique

Même si l’on mesurait rarement la tension dans le tiers-monde, une étude de 2005 publiée dans « The Lancet » estimait qu’il y aurait plus de 1,5 milliards d’hypertendus dans le monde en 2025. Soit presque la moitié de la population adulte. Pour obtenir ces chiffres, les auteurs avaient fait des extrapolations à partir des données de Grande Bretagne en les appliquant au tiers-monde. L’hypertension devint soudain plus redoutable que le paludisme.

On comprit cependant que ces chiffres étaient excessifs en raison du fameux phénomène de l’hypertension de la blouse blanche. Toute tension mesurée au cabinet médical dépasse de 1, 2, voire davantage, le chiffre mesuré par le patient chez lui. Certains ont même suggéré de ne plus mesurer la tension au cabinet médical pour éviter les excès diagnostiques.

Puis, la tendance s’est inversée en considérant que l’hypertension de la blouse blanche était le précurseur d’une hypertension réelle. Les chiffres de 2025 étaient donc en-dessous de la nouvelle réalité.

L’épidémie risque de s’aggraver, car de nouvelles publications abordent le concept d’une pré-hypertension qui débuterait à 12/8 et serait préoccupante chez les obèses, les sédentaires et d’autres sujets à risque. Cette pré-hypertension étant promise à un bel avenir, le business-plan pour 2025 doit désormais compter sur la quasi-totalité de la population adulte mondiale.

Cependant, des faits nouveaux laissent supposer que certains patients échapperont au traitement. Nous savons aujourd’hui qu’il est préférable de ne pas trop faire baisser la tension diastolique des patients ayant eu une coronaropathie, ainsi que celle des personnes âgées, car cela augmente le risque de démence et de quelques autres pathologies. La vieillesse retrouve un peu sa particularité clinique.

Nous savons aussi, que malgré l’existence de 16 classes pharmacologiques d’antihypertenseurs, les diurétiques, très anciens et très bon marché, sont largement suffisants pour baisser la tension. Ce qui est une bonne nouvelle pour les « vrais » hypertendus du tiers-monde.

Enfin, nous avons acquis la certitude qu’un peu d’exercice physique et de simples règles diététiques suffisent à corriger la grande majorité des hypertensions. Cela rejoint les recommandations d’Hippocrate qui n’utilisait pas encore le tensiomètre.

2 commentaires sur “Saga hypertension”

  1. Nicole Willm dit :

    Le syndrome de la blouse blanche…

    Il y a 20 ans au moins… Ayant remarqué qu’à chaque fois que j’entre dans un cabinet médical, j’ai une tension « trop élevée », je décide d’acheter un tensiomètre (brassard).

    A domicile, j’ai une tension normale ; chez le médecin, une tension « trop élevée », me dit-on. Je fais part de ces faits aux soignants.
    On me dit à plusieurs reprises que mon tensiomètre ne fonctionne pas. Qu’il faut l’étalonner régulièrement, etc. Que, de toute manière , « c’est un signe d’hypertension future ». On me propose bien sûr un traitement antihypertenseur que je refuse à plusieurs reprises.

    Souhaitant en avoir le coeur net, je pars à la recherche d’un médecin coopérant. Je trouve une généraliste sympathique à qui j’explique mon cas. Elle accepte de me voir à sa consultation. J’amène donc mon tensiomètre à la consultation. La généraliste vérifie mon tensiomètre, puis mesure ma tension avec son appareil, et ensuite avec le mien. Mesures identiques, un peu élevées d’après le médecin, mais identiques.

    La généraliste me donne quelques précieux conseils sur la manière de mesurer ma tension.

    De retour à la maison, je laisse passer un peu de temps, puis je mesure ma tension. Là, surprise, tension tout à fait normale (12/7 alors que chez le médecin j’étais largement au-dessus (différence de « 3″). Durant les jours, les semaines et les mois suivants, ma tension est toujours normale. Et depuis, elle est toujours normale.

    D’un autre côté, je remarquais que les chiffres de référence baissaient dangereusement… et différaient parfois selon les avis médicaux.

    Bien m’en a pris d’acheter un tensiomètre.
    Grâce à cette généraliste coopérante, à mon tensiomètre-maison (et au bon sens ?), j’ai échappé à un « traitement à vie », et peut-être échapperai-je également à « l’épidémie »…

    Merci pour cette « Humeur » intéressante.

  2. Florence ployé dit :

    Il existe des médecins qui disent que l’effet blouse blanche n’existe pas’

    je me suis trouvé avec l’un d’entre eux médecin hospitalier…un spécialiste pour les problèmes rénaux.

    quelques minutes après le début de consultation, à prit ma tension à peine allongé, sans repos et sans second contrôle en fin de ‘son bavardage)

    à décider que si j’avais trop de tension…voulait me faire déboucher les artères rénales.
    chez le médecin traitant et en autocontrôle à mon domicile(sous traitement hyper tenseur les chiffres sont normaux 12/6 ou 13/7 parfois.

    je n’ai pas utiliser son ordonnance ou il avait changer tout le traitement.

    le généraliste n’a pas changer mon traitement et me contrôle chaque mois. les humeurs médicales…vraiment géniale.

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