Code noir et espérance de vie.

Élaboré en 1665 par Colbert, le code noir de Louis XIV établissait le cadre législatif de l’esclavage.
Tous les esclaves de nos îles devaient être baptisés et instruits dans la religion catholique, apostolique et romaine. Fanatisme ou magnanimité, la religion la meilleure pour les blancs devait l’être aussi pour les noirs.
Mieux que la vie éternelle, le premier avantage pour les esclaves fut sanitaire, sous forme d’un jour de repos hebdomadaire, puisque leurs maîtres avaient interdiction de les faire travailler le dimanche, sous peine d’amendes. Même les « marchés de nègres » étaient interdits ce jour là.

Un autre article de la loi précisait que les maîtres devaient nourrir convenablement les enfants de leurs esclaves et donnait une liste précise des quantités hebdomadaires minimales.
Les esclaves devaient être nourris et soignés, mais un souci de prévention leur interdisait l’eau de vie de canne. Les tentatives de fuite représentaient le seul risque sanitaire supplémentaire : oreilles coupées à la première évasion, un jarret coupé à la deuxième et peine de mort à la troisième. Cette peine capitale a été préjudiciable à la science, car étudier l’élan vital de ceux qui réussissaient une évasion avec un jarret coupé, aurait été médicalement instructif.

Enfin ultime bienveillance sanitaire, les esclaves infirmes par vieillesse ou maladie devaient être nourris et entretenus par leurs maîtres qui avaient aussi le choix de les confier à l’hôpital contre six sols par jour pour le paiement de leurs soins.
Nous pouvons encore regretter qu’aucune étude de cohorte n’ait été faite pour comparer l’espérance de vie entre l’hôpital ou le domicile du maître. En effet, une telle occasion ne se représentera plus avant longtemps, tant que, grâce à la CMU, tous les pauvres seront soignés à l’hôpital comme les riches.

Cette lacune scientifique peut cependant être comblée grâce aux indicateurs sanitaires mis en place depuis l’époque de Louis XIV. Ils nous permettent de savoir quel est l’impact réel de la médecine sur les populations défavorisées. Celui-ci semble très faible, puisque plus les inégalités sociales se creusent, plus l’espérance de vie à la naissance diffère entre riches et les pauvres, et ce, malgré notre médecine sophistiquée. Aux États-Unis où sont publiées les meilleures revues médicales de la planète, l’espérance de vie globale diminue, dont celle des pauvres, très rapidement.

Ainsi, pour les esclaves vieillissants, à défaut de l’abolition de l’esclavage, le meilleur choix aurait certainement été de rester au domicile de leur maître, surtout s’ils avaient des enfants aimants – le code noir interdisait la séparation de leur famille – ou si le maître, vieillissant lui aussi, avait fini par éprouver un peu d’attachement.

Post-scriptum : nous avons, par exemple, aujourd’hui, la preuve que l’attachement a une efficacité mille fois supérieure à tous les médicaments de la maladie d’Alzheimer.

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