Un comprimé contre cent kilos de sucre.

La consommation annuelle de sucre en Europe en 1830 était de 5 kilos par an et par personne. Aujourd’hui elle est de 35 kilos et de 70 aux Etats-Unis.

On dit volontiers qu’Homo Sapiens a un temps de réponse évolutive trop lent par rapport aux changements brutaux de notre environnement et de nos modes de vie.

Pourtant, en ce qui concerne sa capacité à absorber et métaboliser le sucre, l’adaptation évolutive a été excellente et immédiate. Seulement 10 à 20% d’obésité, pour une consommation multipliée par dix en moins de deux siècles, signifie une réactivité adaptative quasi instantanée, à l’échelle de l’évolution, pour 80 à 90% de la population.

 La médecine s’efforce de prendre en compte ces malheureux laissés pour compte de l’adaptation qui n’ont pas disposé des gènes qu’il fallait pour métaboliser l’arrivée massive d’autant de sucres en si peu de temps. Elle a bien raison de le faire, car ils le méritent et c’est son devoir.

Pour cela, elle essaie de fabriquer des comprimés. C’est touchant de candeur et désolant de lucre.

Comment imaginer que des comprimés puissent compenser un échec adaptatif ?

Nous avons d’ailleurs déjà la réponse à cette tentative aberrante puisque tous les médicaments de l’obésité sont retirés du marché un à un en raison de leur balance bénéfice-risque très défavorable. La physiologie crie au secours chaque fois que l’on veut la contraindre à remonter le temps. Chacun sait que l’évolution ne repasse pas les plats (si j’ose m’exprimer ainsi) !

Il y a peut-être une solution à ce problème, mais elle est si parcimonieuse du point de vue cognitif que j’hésite à l’exprimer.

Puisque 70 kilos de sucre par an est une moyenne. Cela signifie que les extrêmes de consommation peuvent varier entre 10 et 130 kilos. Puisque l’obésité ne touche que 15% de la population, il est licite de supposer qu’elle ne concerne que les 15% de ceux qui consomment le plus.

Ainsi, le déficit adaptatif ne se manifesterait qu’au-delà de 100 kilos de sucre par an, par exemple.

Limiter la consommation à 100 kilos pour les adultes et à 50 kilos pour les enfants pourrait être une première mesure de santé publique timide et possiblement efficace.

Les lobbies sucriers ne s’en plaindraient pas trop et il pourrait suffire de diminuer de 20% le nombre de distributeurs de sucreries à la sortie des écoles ou de diminuer de 20% l’apport de sucre dans l’industrie agro-alimentaire. Je parie que le PIB en souffrirait peu. Je sais que le PIB a une importance capitale pour notre santé et, à ce titre, je le respecte autant que je respecte les obèses qui sont les enfants fragiles de nos sociétés.

Ceux qui pourraient s’en plaindre davantage sont les marchands qui s’acoquinent avec quelques savants pour dénoncer les gènes comme seuls responsables de nos maux.

Ceux-là ne manqueront pas de noter que mes propos ont une certaine tendance à culpabiliser les obèses.

C’est vrai, il m’arrive d’oublier que les marchands ont le monopole de la compassion.

2 commentaires sur “Un comprimé contre cent kilos de sucre.”

  1. f sanquer dit :

    bravo , je « tombe » sur votre site .. pétri de bon sens et d’humanisme et plein d’humour ouf …

  2. gully beatrice dit :

    bien envoye ,je suis stupefaite de voir que cet article n’a pas interresse nos decideurs !!!! DARWIN peut continuer de se retourner dans sa tombe!le sucre est un poison :enumerer les complications du regime sucré est fastidieux,il vaut mieux prescrire,cela fait marcher le commerce:le bon sens ne l’emporte pas : »laissez moi manger ce qui me fait plaisir », docteur! et prescrivez moi isomeride !!!!!! je ne l’ai pas fait ……je ne me suis pas enrichie!!!!!!! suis -je conne?

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