Archive pour janvier 2011

Effets secondaires des médicaments et baisse des impôts

samedi 15 janvier 2011

Lorsqu’une classe pharmaceutique existe, les nouveaux médicaments qui arrivent sur ce marché sont toujours promus de la même façon : efficacité équivalente ou meilleure avec moins d’effets secondaires que leurs prédécesseurs.

Tous les médicaments d’une même classe ayant la même efficacité ou inefficacité, les promoteurs n’ont pas d’autre choix que de vanter l’innocuité du leur.

Et ça marche toujours, le ministère accepte, une partie du corps médical se jette sur le nouveau venu et les patients font pression pour l’obtenir, par le biais de leurs associations souvent financées par l’industrie.

Puis les années passant, les effets secondaires se révèlent un à un, souvent pires que ceux des anciens médicaments, car la pharmacovigilance était moins vigilante à l’époque des médicaments pionniers.

Dans l’année qui vient, les grandes manœuvres électorales vont commencer, envahissant les médias et ralentissant l’évolution cognitive dans les autres thèmes. Tous les candidats vont proposer plus d’avantages avec moins d’impôts et cela fonctionnera comme depuis l’invention de l’électoralisme.    

On ne voit pas pourquoi les laboratoires pharmaceutiques et les candidats électoraux se priveraient d’une recette qui demande si peu d’investissement industriel et humain avec d’aussi bons résultats.

En pharmacologie, la seule question à poser est celle du rapport bénéfice-risque. Cette notion reste ignorée du public et d’une partie du corps médical. Quel que soit le médicament nouveau promu contre l’obésité, on peut déjà être certain que son rapport bénéfice/risque sera négatif pour des raisons de physiologie primaire.

Une étude britannique indépendante révèle qu’un quart des chimiothérapies anticancéreuses de fin de vie accélèrent le décès des patients et presque la moitié ont des effets indésirables qui diminuent gravement la qualité de cette fin de vie[1].

Aujourd’hui, l’avalanche des problèmes liés aux effets secondaires des médicaments provient du fait que la médecine occidentale, forte de ses succès dans plusieurs pathologies graves, s’est engagée dans le traitement des facteurs de risque pour des motivations allant du moins pire au pire.

Au point de nous faire oublier qu’un facteur de risque n’est pas une maladie. Prendre un anticoagulant pour une arythmie n’est pas la même chose que prendre un comprimé pour une hypercholestérolémie. Dans le premier cas, les bénéfices sont tels qu’ils minimisent la notion de risque, dans le second cas, la question du rapport bénéfices/risques n’est toujours pas tranchée.

Vioxx, Sibutral, Médiator et autres délinquants avaient des indications pour lesquelles la notion du rapport bénéfices/risques reste floue.

Tabagisme, hyperlipidémie, excès de poids ou de sucre sont des facteurs de risque. Il convient d’évaluer pour chacun d’eux le risque du facteur et le risque du traitement, ainsi que le rapport entre traitement et prévention. Ceci ne peut jamais se faire sereinement, en raison de la méthode promotionnelle par saturation.

Nous allons être saturés de politique politicienne jusqu’en avril 2012, le populisme va briller de tous ses feux et la saturation fonctionnera encore…

Quel bonheur que de constater cet optimisme qui veut toujours croire à moins d’impôts et moins d’effets secondaires.


[1] Mort D et coll « For better, for worse ? NCEPOD 2008

Un comprimé contre cent kilos de sucre.

dimanche 2 janvier 2011

La consommation annuelle de sucre en Europe en 1830 était de 5 kilos par an et par personne. Aujourd’hui elle est de 35 kilos et de 70 aux Etats-Unis.

On dit volontiers qu’Homo Sapiens a un temps de réponse évolutive trop lent par rapport aux changements brutaux de notre environnement et de nos modes de vie.

Pourtant, en ce qui concerne sa capacité à absorber et métaboliser le sucre, l’adaptation évolutive a été excellente et immédiate. Seulement 10 à 20% d’obésité, pour une consommation multipliée par dix en moins de deux siècles, signifie une réactivité adaptative quasi instantanée, à l’échelle de l’évolution, pour 80 à 90% de la population.

 La médecine s’efforce de prendre en compte ces malheureux laissés pour compte de l’adaptation qui n’ont pas disposé des gènes qu’il fallait pour métaboliser l’arrivée massive d’autant de sucres en si peu de temps. Elle a bien raison de le faire, car ils le méritent et c’est son devoir.

Pour cela, elle essaie de fabriquer des comprimés. C’est touchant de candeur et désolant de lucre.

Comment imaginer que des comprimés puissent compenser un échec adaptatif ?

Nous avons d’ailleurs déjà la réponse à cette tentative aberrante puisque tous les médicaments de l’obésité sont retirés du marché un à un en raison de leur balance bénéfice-risque très défavorable. La physiologie crie au secours chaque fois que l’on veut la contraindre à remonter le temps. Chacun sait que l’évolution ne repasse pas les plats (si j’ose m’exprimer ainsi) !

Il y a peut-être une solution à ce problème, mais elle est si parcimonieuse du point de vue cognitif que j’hésite à l’exprimer.

Puisque 70 kilos de sucre par an est une moyenne. Cela signifie que les extrêmes de consommation peuvent varier entre 10 et 130 kilos. Puisque l’obésité ne touche que 15% de la population, il est licite de supposer qu’elle ne concerne que les 15% de ceux qui consomment le plus.

Ainsi, le déficit adaptatif ne se manifesterait qu’au-delà de 100 kilos de sucre par an, par exemple.

Limiter la consommation à 100 kilos pour les adultes et à 50 kilos pour les enfants pourrait être une première mesure de santé publique timide et possiblement efficace.

Les lobbies sucriers ne s’en plaindraient pas trop et il pourrait suffire de diminuer de 20% le nombre de distributeurs de sucreries à la sortie des écoles ou de diminuer de 20% l’apport de sucre dans l’industrie agro-alimentaire. Je parie que le PIB en souffrirait peu. Je sais que le PIB a une importance capitale pour notre santé et, à ce titre, je le respecte autant que je respecte les obèses qui sont les enfants fragiles de nos sociétés.

Ceux qui pourraient s’en plaindre davantage sont les marchands qui s’acoquinent avec quelques savants pour dénoncer les gènes comme seuls responsables de nos maux.

Ceux-là ne manqueront pas de noter que mes propos ont une certaine tendance à culpabiliser les obèses.

C’est vrai, il m’arrive d’oublier que les marchands ont le monopole de la compassion.